
Une troupe torontoise présente La Résurrection de Haendel comme au 18e siècle
Radio-Canada
Depuis plus de 25 ans, la compagnie Opéra Atelier s’évertue à faire revivre le répertoire baroque de la musique classique en travaillant à des reconstitutions d'œuvres plus ou moins connues. Basée à Toronto mais célèbre à travers le monde pour son travail, la troupe a mis en scène l’opéra Didon et Énée de Purcell un peu plus tôt cette saison et elle est de retour cette fin de semaine avec La Résurrection, un oratorio de Haendel composé au début du 18e siècle.
Le directeur artistique et fondateur d’Opéra Atelier, Marshall Pynkoski, se souvient d’avoir découvert cette œuvre grâce à une autre grande figure de la musique baroque mondiale, le Français Marc Minkowski, alors que celui-ci présentait l’oratorio lors d’un festival aux Pays-Bas. La pièce de Haendel est en effet assez peu connue, le grand public lui préférant Le Messie – que les familles torontoises redécouvrent chaque année à la période de Noël.
Selon Carla Huhtanen, qui interprète l’Ange dans cette production, cela s'explique car Le Messie est une œuvre de tous les jours, alors que La Résurrection se distingue par sa rareté, ce qui rend la musique encore plus intéressante à découvrir.
La production originale d’Opéra Atelier a été interrompue brutalement en 2020, deux semaines avant la première qui devait avoir lieu il y a tout juste trois ans. Marshall Pynkoski se souvient qu’à l’époque, il était très inquiet pour sa troupe : On avait des aides pour payer tout le monde, mais les artistes ont besoin de plus que de l’argent, ils nourrissent leur âme à travers leur art, ils veulent voir les productions aller jusqu’au bout.
La solution qui s’impose alors est de faire un film de cette Résurrection, il sera dirigé par le cinéaste Marcel Canzona. Néanmoins, la compagnie attendait avec impatience de pouvoir présenter cette pièce en intégralité sur la scène du Koerner Hall.
L’histoire derrière La Résurrection a passionné Marshall Pynkoski. En 1708, le jeune Haendel est à Rome. Il veut faire ses preuves et s’imagine composer un opéra : c’était la meilleure chose à faire pour se faire une place dans le monde, explique le directeur d’Opéra Atelier. Mais Haendel est dans la Ville éternelle au moment du carême, une période où les théâtres sont fermés. Impossible alors de trouver un endroit pour présenter sa composition.
« Cette partition a été écrite par un jeune homme de 22 ans, rendez-vous compte! »
Marshall Pynkoski, qui est très au fait des moindres détails de l’histoire des œuvres, explique que c’est grâce à de puissants soutiens que le jeune Allemand a pu produire son oratorio dans la salle de bal d’un palais magnifique, accompagné d’un énorme orchestre avec le célèbre Arcangelo Corelli en premier violon.
Par ailleurs, La Résurrection n'est pas seulement l'histoire de l'épisode biblique. Marshall Pynkoski souligne qu’il aurait été difficile que Haendel connaisse un tel succès si la fin de l’histoire avait déjà été connue de tous. Ainsi, le compositeur a agrémenté son livret d’humour, de danse, mais aussi de tendresse entre les personnages. Il a voulu montrer tout ce dont il était capable, explique le directeur artistique. Carla Huhtanen égraine les thèmes abordés dans l'œuvre : Il y a le deuil, l’espoir, l’amour.