
Une surveillance des eaux usées pour anticiper les éclosions en CHSLD
Radio-Canada
La surveillance des rejets d’eaux usées des CHSLD et des refuges pour sans-abris pourrait permettre de prévenir des éclosions dans ces milieux de vie abritant des personnes vulnérables, croient des chercheurs de l’Université Laval.
À l’hiver 2021, les chercheurs du projet CentreEau-COVID ont installé des dispositifs de détection du virus SRAS-CoV-2 dans les systèmes d'égout de six établissements de Québec : trois CHSLD et trois organismes communautaires, dont Lauberivière, un refuge pour personnes itinérantes.
L’autre volet du projet pilote consistait à prélever des échantillons d'eau dans le système municipal, afin de mesurer la présence du virus dans la population en général.
Plusieurs chercheurs ont en effet démontré qu’il est possible de détecter le virus dans les matières fécales bien avant l’apparition des symptômes.
On s'est dit : puisqu'on peut le faire à l'échelle des municipalités, on pourrait voir si ça peut nous aider à détecter précocement des éclosions dans des milieux ou une éclosion peut prendre une tournure extrêmement grave, explique un des membres de l’équipe de recherche, le professeur Slim Haddad.
Le 10 mai 2021, les capteurs de Lauberivère s’activent. Une charge virale a été détectée dans les eaux usées du refuge, déclenchant une préalerte. Le lendemain, un signal est à nouveau détecté, et une alerte est envoyée à la direction régionale de la santé publique, étroitement impliquée dans le projet.
Le 13 mai, un dépistage massif est déclenché à Lauberivière, même si aucun cas n’est officiellement rapporté. Tous les employés et les usagers qui acceptent sont invités à subir un test. Au terme de cet exercice, aucun cas de COVID-19 n’a finalement été détecté.
Peut-être qu'une personne est passée souper un soir, et les [capteurs] ont détecté dans les eaux usées qu'une personne avait eu la COVID, mais que la personne n'est pas revenue et qu'il n'y a pas eu d'éclosion à ce moment-là. On ne le sait pas, explique le directeur général de Lauberivière, Éric Boulay.
N’empêche, le 27 mai, une opération de vaccination est déclenchée sur le site de l’organisme. Environ 80 usagers et intervenants sont vaccinés à l’extérieur du centre. Selon Éric Boulay, ces opérations de dépistage et de vaccination n’auraient pas été mises en place aussi rapidement si le virus n’avait pas été détecté dans les égouts.