Une spirale salaire-inflation? Un mythe, conclut une étude
Radio-Canada
Depuis plusieurs mois, la Banque du Canada martèle ce message : il faut éviter les hausses salariales trop importantes, de peur qu’elles deviennent le carburant d’une nouvelle poussée de l’inflation. Mais ces craintes ne sont pas fondées, selon une étude dévoilée par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) publiée aujourd’hui.
Premier constat : les salaires ne grimpent pas au même niveau que l’Indice des prix à la consommation (IPC). Depuis avril 2020, une personne avec un revenu médian au Québec a vu son pouvoir d’achat diminuer de 6,7 %, ce qui représente un montant de 3100 $.
Derrière cette statistique, il y a des millions de ménages québécois avec des difficultés de plus en plus importantes pour faire leur épicerie, payer leur loyer et boucler leurs fins de mois, rappelle l’IRIS.
Oui, l’inflation coûte cher, mais augmenter le taux directeur pour seulement retourner à une faible inflation sans considérer l’impact de l’inflation sur les revenus des gens, sur leur capacité à payer leurs besoins, c’est une stratégie à courte vue, affirme Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l’IRIS et coautrice de la note, en entrevue à Radio-Canada.
L’étude a montré qu’une hausse des salaires immédiate n’aurait pas une incidence importante sur l’atteinte de la cible d’inflation annuelle de 2 % recherchée par la Banque du Canada.
L'institution n’a pas fermé la porte à de nouvelles hausses de taux d’intérêt cette année, un scénario de plus en plus plausible avec la publication des dernières données sur l’inflation et le PIB au Canada qui démontrent une économie encore en ébullition.
Selon les calculs de l’IRIS, un rattrapage salarial de 6,5 % au Québec ferait en sorte d’ajouter 0,8 % à l’inflation sur un an. Même avec un choc salarial, une hausse généralisée de 7,3 %, l’impact serait de 1,6 % sur trois ans.
Avec une telle hausse, on retarderait un peu l’atteinte de la cible, mais de façon très faible. Mais a contrario on protégerait le pouvoir d’achat. Il faut dire que 1,6 %, ce n’est pas très élevé quand on considère l’inflation à 8-9 % qu’on a eu dernièrement, constate la chercheuse.
Depuis la montée de l’inflation, des intervenants du monde économique, notamment la Banque du Canada et plusieurs économistes, se sont montrés inquiets de voir apparaître une spirale salaire-inflation.