![Une semaine d’immersion en arts pour se comprendre et pour comprendre le monde](https://images.radio-canada.ca/q_auto,w_635/v1/ici-info/16x9/eka-shakuelem-autochtones-festival-jeunes-2023-nathan.jpg)
Une semaine d’immersion en arts pour se comprendre et pour comprendre le monde
Radio-Canada
« Hier, j’ai vu un spectacle qui m’a fait réaliser qu’il faut s’accepter comme Autochtone. » D’une voix douce, la participante innue Jody-Ann Picard s’adresse au grand chorégraphe argentin Tiziano Cruz, lui aussi membre d’une Première Nation à l’autre bout du continent. Dans le silence, un flot d’émotions partagées. « Gracias », finit par répondre l’invité, visiblement ému.
Au Festival TransAmériques (FTA), les jeunes participants autochtones mettent beaucoup d'eux lors des activités d’Eka shakuelem. Avec un nom pareil, il faut assurer. L’initiative signifie ne sois pas timide en langue innue. Elle réunit pour sa troisième édition six jeunes Autochtones venus des quatre coins du Québec pour une semaine d’immersion dans les arts vivants.
Un véritable marathon de spectacles, d’ateliers et de rencontres a débuté à 10 h, mardi matin, pour s'achever tard en soirée sur des airs de salsa.
Vous avez bien dormi? À l’ombre matinale d’un frêne, l’organisateur Charles Bender accueille chacun avec écoute et bienveillance. Cette année, l’équipe inclut deux membres neuro-atypiques. La journée débute par une cérémonie à la sauge au quartier général du festival, à l’UQAM. Les présentations d’usage plongent d’emblée dans l’intime. Une plume de parole se transmet de main en main, chacun étant invité à dresser son bilan de la semaine écoulée.
Ce que j’ai préféré, ce sont les rencontres informelles. On peut créer des liens plus proches, discuter de tout et de rien, évoque Valérie Giroux, de la communauté wendat de Québec. Stratège numérique à lg2, la participante a appris à affiner ses goûts artistiques au fil du séjour et a particulièrement aimé les discussions avec les équipes créatives avant les spectacles pour mieux les comprendre, dit-elle.
Fidèle à son éclectisme, le FTA a exposé ces spectateurs souvent néophytes à des univers variés, des chants polyphoniques de la culture samie à une relecture théâtrale osée de Pinocchio en passant par le style très contemporain de la chorégraphe Onna Doherty, de Belfast.
« Ma perception du théâtre a changé à 100 %! »
Cette année encore, le FTA poursuit son exploration des vastes contrées autochtones en programmant des spectacles inspirés des premiers peuples de tous les horizons.
Un effort de décolonisation sous-tend la démarche des codirectrices Martine Dennewald et Jessie Mill. Il faut qu’on apprenne, nous, institution blanche, coloniale, à avoir de meilleures relations [avec les Autochtones], explique Mme Dennewald au groupe réuni en cercle.