Une perte de plus de 500 M$ si le projet d’Hydro-Québec dans le Maine est abandonné
Radio-Canada
Hydro-Québec devra radier de ses livres 536 millions de dollars si son projet d’exportation d’électricité au Massachusetts devait être abandonné en raison d’un récent référendum au Maine. Ce chiffre a été révélé pour la première fois dans son rapport annuel 2021 présenté jeudi dernier.
Le projet de lignes à haute tension doit acheminer 1200 mégawatts d’énergie sur 336 kilomètres de nouvelles infrastructures entre Thetford Mines au Québec et Lewiston dans le Maine. L’électricité québécoise sera ensuite dirigée sur des lignes existantes ou reconstruites vers le Massachusetts, qui souhaite réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
En novembre, les Mainois ont voté à 59 % en faveur de l’interdiction du projet connu, chez nos voisins, sous le nom de New England Clean Energy Connect. Tous les travaux de construction sont maintenant suspendus.
La société mère du partenaire américain d’Hydro-Québec, la Central Maine Power, conteste la constitutionnalité du référendum devant la Cour suprême du Maine. Dans un mémoire déposé à la mi-février, Avangrid soutient que ce référendum interdit rétroactivement un projet qui avait pourtant reçu les autorisations exécutives et judiciaires, en plus d’avoir déjà mené à des centaines de millions de dollars de dépenses.
Le rapport annuel de la société d’État québécoise dévoile pour la première fois les coûts exacts qu’entraînerait l’abandon du projet, dont elle espère encore tirer 10 milliards de dollars de revenus sur 20 ans.
Sur un budget estimé à 600 millions de dollars, 347 millions ont déjà été engagés en immobilisations corporelles pour la construction des lignes sur une distance 103 kilomètres de ce côté-ci de la frontière. Un montant de 189 millions en vertu d’ententes avec son partenaire devra être aussi comptabilisé comme perte.
C’est sans calculer les 20 millions de dollars liés au lobbying et à la publicité déboursés dans les dernières années. Hydro-Québec avait également dû radier 46 millions de dollars en 2019 à la suite de l’échec du projet Northern Pass au New Hampshire, qui avait les mêmes ambitions.
Cette facture s’ajoute en outre aux 450 millions $ US dépensés jusqu’ici par Avangrid dans le Maine pour déboiser 86 % du corridor et installer 120 structures. Il s’agit de 43 % du coût total de la portion américaine, estimé à 1,04 milliard $ US.
Étant donné les sommes consenties à présent, Hydro-Québec et Avangrid n’ont pas l’intention de lâcher prise de sitôt : On a suivi la démarche et les lois du Maine, et cette démarche a mené à l’obtention de tous les permis, fait valoir la porte-parole de la société d’État, Lynn St-Laurent. À partir du moment où on a le feu vert, on commence le travail.