Une pénurie de papier menace les livres de Noël
Radio-Canada
Engouement pour la lecture durant la pandémie, recyclage en diminution et explosion des coûts de transports : le papier se fait plus rare que jamais et les lecteurs risquent d'en faire les frais. À l’approche des Fêtes, les libraires font des réserves.
Durant le temps des Fêtes, on stocke toujours beaucoup. On stocke encore plus cette année, parce qu'on a été prévenus qu'il serait fort possible que plusieurs titres soient en rupture plus vite que d'habitude, indique Philippe Sarrasin, propriétaire de la librairie Verdun, à Montréal.
Le nombre de livres vendus au Québec a grimpé de près de 30 % entre avril 2020 et avril 2021. Cette hausse a pris les papetières de court, elles qui s'étaient adaptées à un désintérêt du livre. Faute de demandes, certaines d'entre elles ont changé de vocation pour se tourner vers le papier d'emballage, alors que d'autres ont dû cesser leurs activités.
Pendant la pandémie, les gens se sont mis à lire, ce que n'avait pas prévu personne. La demande a donc augmenté et l'offre a baissé en même temps : la tempête parfaite. C'est très difficile en ce moment d'avoir du papier, soutient le président de Marquis Imprimeur, Serge Loubier.
En 40 ans d'expérience dans le domaine, je n'ai jamais vécu rien de tel… puis je pense, mon grand-père, mon père non plus n'ont jamais vécu ça.
Les papetières ont beau rouler à plein régime, la compétition entre imprimeurs canadiens et américains est féroce. La pâte de papier est stable, mais elle s'en va à d'autres endroits présentement, affirme André Gauvin.
Des éditeurs québécois, qui imprimaient en Asie, se sont également butés à l'explosion du prix du transport par conteneurs. Quand ça vient d'Asie, ça passe par Vancouver, et cet été, on a eu aussi le problème des feux de forêts. Il y a des titres qui sont arrivés en retard parce que le train ne passait plus à cause des feux, expose Philippe Sarrasin, de la librairie de Verdun.
Devant cette situation inédite, les maisons d'édition font des pieds et des mains pour s'ajuster à la demande. On doit prendre des décisions très en amont, avec de très gros tirages, donc des gros risques, en espérant ne pas se tromper, dit Élodie Comtois, directrice commerciale aux éditions Écosociété.
Ces dépenses supplémentaires risquent toutefois de se répercuter sur le prix des livres. On achète plus cher, on vend plus cher. C'est malheureusement comme dans presque toutes les situations. La facture va être ultimement refilée au consommateur, regrette M. Sarrasin.