Une harde de caribous en déclin triple en population grâce à ses gardiens autochtones
Radio-Canada
Dans le nord-est de la Colombie-Britannique, une harde de caribous au bord de l’extinction locale a triplé en taille en moins d’une décennie. Ce succès de conservation est dû à une combinaison d’efforts de deux Premières Nations pour contrôler leurs prédateurs, protéger leurs habitats, et accompagner les femelles en période de gestation.
Il n’y a pas d’autre endroit où on a vu tripler une harde de caribous en aussi peu de temps, se réjouit Clayton Lamb, scientifique de l’Université de la Colombie-Britannique, coauteur d’une étude sur le retour de la harde de caribous de Klinse-Za avec les Premières Nations de Moberly et de Saulteau.
À l'époque, les caribous faisaient auparavant partie du paysage canadien. Ils étaient présents sur environ un quart du territoire. Aujourd'hui, l’espèce est en déclin, car son habitat naturel, les forêts boréales anciennes, est menacé par les activités forestières.
Dans le nord de la province, la harde de caribous Klinse-Za qui comptait 250 individus dans les années 1990 en enregistrait plus que 38 en 2013, se rapprochant ainsi dangereusement de l’extinction.
Pour éviter que le scénario se produise, les Premières Nations de Moberly et de Saulteau ont pris les choses en main.
En convoquant une réunion avec l’industrie forestière et des représentants du gouvernement, elles leur ont proposé une solution radicale : capturer les femelles gestantes pour les aider à mettre bas dans des endroits sécuritaires et prendre soin des nouveau-nés jusqu’à ce qu’ils soient résilients. Cela, ajouté aux efforts de régulation des populations de loups, leurs prédateurs.
C’était beaucoup de travail de conviction, commente Naomi Owens-Beek, membre de la Première Nation de Saulteau.
En mars 2014, une dizaine de femelles de la harde ont ainsi été récupérées et amenées dans une vallée à haute altitude, protégée par une barrière électrique recouverte d’une couverture noire. Deux membres des communautés ont vécu avec les caribous, en les surveillant constamment grâce à des motoneiges et des véhicules tout terrain.
Ça demande beaucoup d’être gardien, tu vis dans un enclos 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. On ne peut pas les laisser sans surveillance, on doit les nourrir deux fois par jour, et on doit s’assurer qu’elles vont bien, commente Naomi Owens-Beek.