
Une famille « nucléaire » bien distincte pour les chiens de Tchernobyl
Radio-Canada
Les chiens qui vivent dans la zone d’exclusion autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl sont génétiquement distincts de ceux qui vivent à l’extérieur, montrent les travaux d’une équipe américaine dirigée par la généticienne Gabriella Spatola de l’Université de la Caroline du Sud.
Pour en arriver à ce constat, les chercheurs ont analysé les génomes de 302 chiens représentant trois populations canines distinctes vivant en liberté à l'intérieur de la centrale électrique et à des distances variant de 15 à 45 kilomètres du site de la catastrophe.
Le groupe de recherche Les chiens de Tchernobyl a été mis sur pied en juin 2017 en réponse à l’augmentation de la taille de la population de chiens sauvages dans la zone d’exclusion. Ainsi, entre 2017 et 2019, trois stations vétérinaires ont été créées pour fournir des soins aux chiens errants, mais aussi pour recueillir des échantillons sanguins représentant leur diversité géographique.
Des échantillons de 132 chiens vivant à proximité de la centrale, de 154 chiens errants de la ville de Tchernobyl et de 16 chiens errants de Slavutych ont été récoltés pour établir leurs profils génétiques.
Ce travail a permis d’établir que les chiens provenaient de 15 familles différentes, certaines étant réparties sur de vastes zones et d'autres étant plus confinées. De manière générale, il a permis de déterminer que les chiens de Tchernobyl sont génétiquement distincts des autres populations de chiens de races pures ou croisées de douze autres pays.
De plus, l’analyse des échantillons montre que les groupes de chiens présents dans la zone d’exclusion sont aussi différents entre eux en fonction de l’éloignement géographique de la centrale. En outre, les chiens occupant l’entourage immédiat de la centrale, principalement des bergers allemands, sont plus consanguins que les autres vivant plus loin, comme dans les villes voisines de Tchernobyl et de Slavutych, situées respectivement à 14 km et à 45 km du site.
Les chercheurs ont aussi établi que les chiens de la centrale et ceux de la ville de Tchernobyl ne semblaient pas se croiser beaucoup.
Les données recueillies montrent que les chiens peuplant certaines zones autour de la centrale présentent des taux de césium 137 – un radioélément toxique – plus de 200 fois plus élevés que chez ceux vivant à une dizaine de kilomètres dans la ville de Tchernobyl.
Cette étude présente la première caractérisation d'une espèce domestique à Tchernobyl. Elle permet d'étudier les effets de l'exposition à long terme à de faibles doses de rayonnements ionisants, notent les auteurs de l’étude publiée dans la revue Science Advances (Nouvelle fenêtre) (en anglais).