
Une communauté tiraillée entre la colère et le recueillement
Le Journal de Montréal
À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
La foule amassée devant le consulat d’Israël mardi midi était animée d’émotions contrastées trois jours après les attentats terroristes du Hamas qui ont fait des centaines de morts en Israël. Certains y étaient pour se recueillir paisiblement, d'autres scandaient haut et fort leur soutien à leur pays.
Tout le monde à ce « rassemblement de solidarité et de prière » ne dansait pas sur le même pied.
« Ne faites pas ce boucan, on n’est pas ici pour ça ! On est là pour se recueillir et rendre hommage aux victimes, aux morts », proteste une dame juive d’un certain âge auprès de jeunes Juifs qui crient et font du bruit.
Juchés sur un vieux camion de pompier dont ils activent périodiquement la sirène, ce qui assourdit tout le monde, ces jeunes agitent énergiquement des drapeaux israéliens.
La dame, indisposée par ce tumulte « manifestif » n’a pas voulu que je la nomme, mais m’a longuement parlé.
« Ce qui est arrivé est terrible et je suis ici pour me recueillir, pour partager ma tristesse et signifier mon horreur devant ce massacre... pas pour entendre des slogans », dit-elle, en versant des larmes.
Une des jeunes animatrices de la foule émotive, Daniela Kalechman, a beau crier des slogans encourageants pour Israël, elle pleure aussi.