Une autre victime collatérale des pensionnats autochtones
TVA Nouvelles
Des décennies après leur abolition, les pensionnats autochtones continuent de faire des victimes collatérales, déplorent les proches d’un jeune homme de Rouyn-Noranda qui s’est enlevé la vie peu avant de devenir père.
Hanté par son enfance, Keven Wabanonik a été incapable d’obtenir des soins adéquats, relatent sa sœur et sa conjointe.
À 10 ans, il préparait le repas pour ses frères et sœurs avec le peu de nourriture disponible. Violence, agressions sexuelles, pauvreté, alcoolisme, familles d’accueil en série, suicide de son frère : l’homme de 34 ans n’a jamais pu faire la paix avec son enfance sur la réserve de Lac-Simon. Sa mère, traumatisée par son séjour dans un pensionnat, n’a jamais pu s’en occuper.
À plusieurs reprises au cours des dernières années, celui qui résidait à ce moment-là avec sa conjointe enceinte avait songé à entreprendre une thérapie.
« Lorsqu’il faisait des démarches et qu’il voyait le temps d’attente pour voir un psychologue, il se décourageait, explique sa sœur, Fanny St-Pierre, dont il était très proche. Il a fallu qu’il soit en crise pour être capable de voir quelqu’un. »
Lorsqu’il a finalement pu s’ouvrir auprès d’un professionnel, à l’automne, Keven Wabanonik a tout raconté, jusqu’aux plus ignobles détails. Il s’était alors retrouvé dans un état de grande vulnérabilité.
« La psychologue avait été très empathique, mais elle ne savait pas quoi lui dire, rapporte son amoureuse, Kim Mercier, qui porte en elle un petit bout de lui. Elle ne semblait pas outillée pour traiter les traumatismes liés à la réalité autochtone. »
Le jeune homme pourrait avoir subi les contrecoups de la pénurie de psychologues dans le système de santé public.
Bien qu’elle ne souhaite blâmer personne, la famille de Keven Wabanonik espère que son décès n’aura pas été vain et qu’il permettra de mettre un visage sur cette grave problématique.