Une arme, deux approches : les rhétoriques nucléaires de la Corée du Nord et de la Russie
Radio-Canada
Depuis la Seconde Guerre mondiale, aucun pays n’a utilisé une arme nucléaire. Mais les récentes déclarations du président russe Vladimir Poutine sur un éventuel recours à ce type d’arme et la posture adoptée par le leader nord-coréen Kim Jong-un font craindre une escalade dangereuse. Les deux pays ont des approches différentes quant à leur dissuasion nucléaire, mais les experts ne s’entendent pas sur la possibilité d’une telle attaque ni du moment où elle pourrait survenir.
Si un essai nucléaire de la Corée du Nord survenait dans les prochaines semaines, cela changerait la donne dans la région et entraînerait une réponse de la part des États-Unis, ont indiqué vendredi à Honolulu de hauts responsables du commandement américain pour l’Asie-Pacifique.
Un essai nucléaire nord-coréen serait même probable après le prochain congrès du Parti communiste chinois qui débutera le 16 octobre, selon un responsable du commandement Indo-Pacifique (IndoPacom) qui a requis l’anonymat. La Corée du Nord a procédé à quatre tests de missiles balistiques en une semaine, mais ce serait son premier test nucléaire depuis 2017.
Je pense que la possibilité d'un test est plus probable une ou deux semaines après le congrès du Parti communiste chinois, a-t-il précisé.
Cette estimation est similaire à celle des services de renseignement sud-coréen, qui croient qu’un essai nucléaire aurait lieu avant les élections de mi-mandat aux États-Unis le 7 novembre prochain, et que s’il a lieu, ce serait un sujet d’inquiétude très profonde, pense le chef de la flotte américaine dans la région, l’amiral Sam Paparo. Il a toutefois souligné qu’aucun lien n’a été établi entre les récents tests balistiques réalisés par Pyongyang et un possible essai nucléaire. Mais il y aurait une réponse, a-t-il convenu.
Cette réponse se ferait en consultation étroite avec notre allié sud-coréen et serait conforme à notre doctrine de dissuasion intégrée : elle incorporerait tous les instruments de pouvoir des États-Unis, au niveau diplomatique, militaire et économique, a insisté l’amiral Paparo.
Ce qui inquiète le chef des forces aériennes dans la région, le général Ken Wilsbach, c’est que la Corée du Nord ne considère pas les armes nucléaires comme un outil de dissuasion destiné à ne jamais être utilisé, et c’est ce qui est d’autant plus inquiétant.
Ils ont menacé d'utiliser ces armes contre leurs voisins et même les États-Unis. Et c'est inhabituel, a souligné le général Wilsbach. Les autres pays qui ont ces armes ne parlent pas comme ça et cela devrait inquiéter tout le monde, a-t-il ajouté. Je pense que ça inquiéterait même la Chine et la Russie. Or, Pyongyang a adopté début septembre une nouvelle doctrine voulant qu’elle ne renoncerait jamais à l’arme nucléaire.
Face à la rhétorique de la Corée du Nord, Washington et Séoul ont repris leurs exercices militaires conjoints. La vice-présidente américaine Kamala Harris s’est aussi rendue cette semaine en Corée du Sud pour rappeler l’engagement inébranlable des États-Unis envers son allié, et a visité la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corée.