Une année record pour le cinéma québécois en France
Le Journal de Montréal
Le cinéma québécois n’a jamais été aussi présent sur les écrans français que dans la dernière année. D’ici la fin décembre, pas moins de 13 longs métrages produits dans la Belle Province auront pris l’affiche dans les salles de l’Hexagone en 2023, soit le double de la moyenne de cinq films par année observée au cours de la dernière décennie.
S’ils se réjouissent de voir autant de films québécois sortir en France, les intervenants interrogés par Le Journal estiment que cette hausse importante relève davantage du hasard que d’une soudaine hausse d’intérêt pour le cinéma de la Belle Province.
«J’aimerais que ça soit comme cela chaque année, mais j’ai l’impression que c’est assez spécifique au contexte actuel de fin de pandémie, explique Guillaume Sapin, le fondateur et directeur du Festival Vues du Québec (en Lozère), qui gère aussi la plateforme «Mon cinéma québécois en France».
«Les films québécois qu’on a vus cette année en France ont été tournés pendant ou après la pandémie, mais ils ont été mis en embouteillage au niveau de la production ou de la distribution. Le hasard a fait qu'ils sont sortis la même année.»
Avec son festival et sa page consacrée au cinéma québécois en France (qui compte plus de 12 000 abonnés), Guillaume Sapin s’est donné le mandat de faire découvrir le cinéma québécois au public et aux diffuseurs français.
La tâche est plus simple pour les œuvres de cinéastes déjà connus en France comme Xavier Dolan, Monia Chokri et Denys Arcand. Sortie en salle il y a deux semaines, la comédie Simple comme Sylvain, de Monia Chokri, a d’ailleurs attiré plus de 77 300 spectateurs – un bon démarrage – dans les cinémas français pendant sa première semaine à l’affiche.
Le défi est toutefois plus grand quand il s’agit de mettre en marché les films de cinéastes de la relève comme Lawrence Côté-Collins (Bungalow) ou Geneviève Albert (Noémie dit oui).
«En France, il y a entre 15 et 20 films qui sortent chaque semaine. Ce n’est donc pas toujours évident de faire une place au cinéma québécois, observe Guillaume Sapin.
«Je crois que la clé du succès à long terme, c’est de cibler le public jeune qui va potentiellement s’intéresser au cinéma québécois petit à petit. C’est le pari que font certains distributeurs comme Wayna Pitch, qui sortira bientôt Le plongeur et Vampire humaniste cherche suicidaire consentant.»