Un tarif carbone aux frontières pour réduire l’empreinte GES
Radio-Canada
Dans les pays où les règles environnementales sont strictes, comme au Canada, le principe serait d’imposer un tarif sur des biens qui ont été produits là où les restrictions en matière d’émissions de gaz à effet de serre sont moins élevées.
Le mécanisme a des visées économiques et environnementales. On rééquilibre les règles du jeu commercial en faveur des entreprises nationales productrices qui subissent déjà une taxe carbone. Par le fait même, on incite les producteurs ailleurs à resserrer leurs règles sur leurs émissions.
Idéalement, on devrait pouvoir faire payer à tous les consommateurs, quand ils achètent un bien, un prix qui reflète l’empreinte carbone de ce qu'ils consomment, explique Justin Caron, professeur à HEC Montréal, spécialiste en économie environnementale et de l’énergie.
Mais, en pratique, c’est presque impossible de dire : il y a X tonnes de carbone nécessaires pour produire, disons, cet ordinateur. Parce qu’il y a des centaines de pièces et de matériaux qui viennent de plein d’endroits dans le monde, poursuit-il.
Le mieux qu'on a pu faire, c'est de mettre une taxe à la production via la taxe carbone ou le système de plafonnement et d’échange –, là où, par exemple, l’acier ou l’aluminium sont produits, ce qui est relativement facile à mesurer pour ces grandes industries, explique le chercheur.
Le problème c'est qu'en faisant ça, on néglige les importations. Donc, en ajoutant un tarif carbone sur des importations, avec une approximation de leur empreinte GESgaz à effet de serre, on réussit à taxer l’ensemble, dit-il.
« Ça fait que les producteurs dans les pays étrangers sont, en quelque sorte, soumis à notre propre taxe carbone. »
À l’été, Bruxelles a présenté (Nouvelle fenêtre) son mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. Il s'appliquera progressivement à partir de 2023 à de grands secteurs à forte intensité d’énergie, et donc d’émissions de GES : acier, aluminium, ciment, engrais, qui représentent une grande proportion des émissions mondiales.
La volonté de l’Union européenne pourrait être d’étendre ce type de tarif à d’autres secteurs.