Un projet de réalité virtuelle montre les effets du changement climatique au Yukon
Radio-Canada
Au son du gazouillis des oiseaux, des moustiques bourdonnants et des vagues clapotant doucement sur le rivage, des adeptes de réalité virtuelle peuvent voyager dans le temps, assister au dégel du pergélisol et apercevoir la montée des eaux sur l'île Herschel, aussi connue sous le nom d'’île Qikiqtaruk, dans le nord du Yukon.
Le projet de réalité virtuelle Qikiqtaruk: Arctic at Risk transporte les gens jusqu'au point le plus septentrional du Yukon sans qu'ils aient à quitter leur domicile. À l'aide d'images et de sons réels, comme le craquement et le dégel du pergélisol, l'initiative financée par la National Geographic Society offre une expérience immersive des effets du changement climatique sur l'île de l'Arctique canadien.
J'ai vu beaucoup de changements au cours de mes 20 années de travail sur Herschel, raconte le garde forestier principal du parc territorial Qikiqtaruk de Parcs Yukon, Richard Gordon.
Il souligne que la côte s'érode rapidement, que la glace disparaît plus tôt et qu'il devient plus difficile pour les aînés de lire la météo lorsqu'ils voyagent. Il indique que les guillemots à miroir, la plus grande colonie d'oiseaux de mer de l'ouest de l'Arctique vivant sur l'île, sont également en déclin, car il y a moins de poissons, dont ils dépendent pour se nourrir.
Richard Gordon explique que l'oeuvre de réalité virtuelle a pour but d'aider les jeunes, les touristes et les autres à mieux comprendre ce qui se passe à Qikiqtaruk et à ainsi saisir l'importance de travailler avec des chercheurs sur les décisions de gestion.
« Cela donne vraiment une bonne idée de ce qui se passe avec le changement climatique au moment où il se produit. »
Le parc Qikiqtaruk, qui s'étend sur environ 116 kilomètres carrés et est situé à 5 kilomètres au large de la côte nord du Yukon, dans la mer de Beaufort, est un lieu important du patrimoine culturel, les Inuvialuit utilisant l'île depuis des milliers d'années. Il abrite une variété d'animaux et de plantes, dont le caribou de la Porcupine, la sterne arctique et le lupin arctique.
À la fin des années 1800, l'île est devenue la principale base des baleiniers commerciaux de la région et une colonie euroaméricaine a été établie à Pauline Cove. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a également établi l'un de ses premiers détachements dans l'Arctique sur l'île en 1903, où elle a recruté son premier agent spécial, en 1909.
M. Gordon, qui est Inuvialuit, raconte que, lorsqu'il était enfant, sa famille vivait du bœuf musqué, du caribou, de l'omble chevalier et du hareng de l'île, que les peuples autochtones continuent de récolter dans la région de nos jours. Qikiqtaruk a été établi comme parc environnemental naturel en 1987 en vertu de la Convention définitive des Inuvialuit, permettant la poursuite de l'utilisation traditionnelle par les Autochtones.