
Un ordre des enseignants pour que l’éducation rime avec compétence et non avec chance
TVA Nouvelles
« Madame, tu es la remplaçante, de la remplaçante, de la remplaçante ? » Ce message provenant d’un jeune élève de 2e année d’une école de mon quartier, où je fais de la suppléance, en dit long sur l’état actuel de nos écoles.
Que ce soit la pénurie du personnel enseignant, les effets nocifs des écrans sur les jeunes et la violence dans les écoles, la crise dans le milieu de l’éducation est préoccupante et ne semble pas se résorber.
Depuis le 15 avril, l’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants (OPES) tente de trouver des solutions avec sa consultation en ligne Unis pour l’école : ma voix, notre impact!
Fort bien. Mais pourquoi en sommes-nous rendus là?
Cette initiative est soutenue par « les acteurs du milieu scolaire ». C’est-à-dire les directions d’école, les syndicats d’enseignants, les comités de parents, les centres de services scolaires. On ne parle pas, cependant, d’un ordre des enseignants pour la simple et bonne raison qu’au Québec, nous en sommes dépourvus.
Il appert que le sujet, longtemps débattu dans notre province, soit radioactif. « On n’a pas besoin d’un ordre des enseignants au Québec ! » répète-t-on sans cesse, avec assurance, sans trop savoir en quoi consiste, concrètement, un ordre professionnel des enseignants.
À cette réaction épidermique s’ajoute aussi toute l’organisation qui en découlerait et qui refroidit les élans du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville : « Je n’ai pas les moyens de me lancer dans la création d’un ordre professionnel qui va prendre minimalement 18 mois, peut-être deux ans. Je dois agir rapidement sur un certain nombre d’enjeux ». Nous en sommes toujours là, à éteindre des feux et à privilégier le plus court chemin qui n’est pas celui le plus pérenne ni le plus efficace.
Pourquoi les professionnels en éducation, comme tous professionnels qui se respectent, ne sont-ils pas membres d’un ordre ? Cela permettrait, entre autres, un encadrement quant à la qualité et les normes relatives à l'enseignement, un code d’éthique, la formation continue des enseignants ainsi que la protection du public et des élèves.
Pourquoi les instances syndicales sont celles qui parlent toujours en notre nom ? Pourquoi ne sommes-nous pas mûrs, au Québec, à nous prendre en main, en tant qu’enseignants, et à nous doter d’un ordre en bonne et due forme ? Pourquoi est-ce que nous nous contentons d’un substitut, comme le Protecteur de l’élève, qui nous contraint à tourner les coins ronds et à nous perdre dans des dédales administratifs ?