Un nouvel EP de Safia Nolin, SEUM, entre tristesse et colère
Radio-Canada
C’est vendredi qu’est paru le troisième EP de Safia Nolin, SEUM, mini-album de quatre chansons déclinées en deux versions chacune. L’auteure-compositeure-interprète nous livre une œuvre en quelque sorte salutaire, elle qui a vécu un certain désenchantement créatif lors du confinement pandémique.
J’avais un peu arrêté de faire de la musique, ça faisait un boutte assez long et inquiétant que je n’en avais pas fait. Je n’ai pas été une personne qui a été inspirée pendant la COVID, ça m’a zéro donné envie de créer, a confié la chanteuse en entrevue avec Catherine Richer.
Safia Nolin a finalement décidé de se botter le cul et s’est rendue au printemps à l’Île-d’Orléans pour écrire des chansons qui allaient éventuellement se retrouver dans SEUM. La particularité de cet album est qu’il comporte quatre titres qu’on peut entendre sous deux formes différentes, acoustique et rock. Ou, pour reprendre le descriptif plus poétique de l’artiste, sunrise (lever du soleil) et sunset (coucher du soleil).
L’idée de cette coexistence musicale est venue à Safia Nolin en se remémorant la chanson Tonya Harding de Sufjan Stevens, un de ses idoles. Le chanteur indie folk américain en a diffusé deux versions en 2017, l’une à la tonalité tragico-dramatique, et l’autre davantage épurée.
J’avais pas vraiment envie de choisir. C’est deux choses qui existent en dedans de moi, a dit Safia Nolin à propos du dualisme de SEUM. J’aime les deux versions. Je me suis dit que je vais sortir les deux et le monde à la maison, dans leur char, dans leur intimité, vont choisir celle qu’ils veulent écouter le plus.
Ce dédoublement dans l’approche artistique de son nouvel album fait écho à deux sentiments qui l’ont taraudée ces derniers temps, la colère et la tristesse. Deux émotions qui influencent sa musique à plusieurs degrés, indique un communiqué de presse émis dans le cadre du lancement de SEUM.
J’ai vécu de la colère et de l’incompréhension dans la dernière année et demie de ma vie. Je me donne le droit de vivre cette colère. En plus, je peux faire des trucs positifs avec ça. D’après moi, si t'extériorises pas ta colère, si tu ne la nommes pas, tu vas la traîner.