Un musée pour combattre le tabou des menstruations à Taïwan
Radio-Canada
Dans de nombreux pays d’Asie, il est tabou de parler de menstruations pour plusieurs raisons, qu’elles soient religieuses ou sociales. Beaucoup de femmes subissent la stigmatisation menstruelle ou n’ont pas accès à des produits d’hygiène féminine. Une jeune femme, Vivi Lin, a créé un musée à Taipei pour s’attaquer aux tabous.
La BBC l’a nommée parmi ses 100 personnes les plus influentes de la planète, il y a deux ans, après qu’elle eut interpellé le président de l'Organisation mondiale de la santé sur les réseaux sociaux.
À seulement 24 ans et tout juste sortie de l’université, Vivi Lin est devenue une cheffe de file de la lutte contre l’iniquité et la stigmatisation menstruelles à Taïwan.
C’est difficile, encore aujourd’hui, pour beaucoup de gens, de mentionner l’expression "avoir ses règles". Ça fait partie du problème, expose-t-elle. Quand j’ai eu mes premières règles, je ne savais même pas ce que c’était! J’ai bien vu que ma mère était mal à l'aise et qu’elle ne voulait pas trop m’en parler.
Vivi Lin a fondé l’organisme sans but lucratif With Red il y a trois ans pour combattre ces problèmes. With Red a ouvert plus tôt cette année un musée consacré aux menstruations et à tout ce qui entoure les règles. Des ateliers y sont offerts. Jeunes filles et grands-parents y participent sans gêne afin de démystifier le sujet.
Des représentants de With Red sont même allés nettoyer un temple, le 28 mai dernier, lors de la Journée internationale de la santé menstruelle. Ils ont aussi créé un porte-bonheur avec les responsables du temple dans le but d’essayer de lever les tabous.
Plusieurs personnes ne croient pas que les femmes menstruées peuvent aller au temple pour prier ni même participer à des activités religieuses, explique Vivi Lin. Les pharmacies donnent même un sac en papier à celles qui achètent des serviettes hygiéniques afin de les cacher.
Changer les perceptions des gens et les amener à en parler librement est un travail de longue haleine. With Red offre aussi des ateliers dans des universités. Dans le système scolaire taïwanais, le sujet est souvent vu en vitesse et dans certaines classes, seules les filles reçoivent de l’information sur les menstruations.
En travaillant en groupe, je peux changer la perception des gens sur ce phénomène naturel. Nous collaborons avec les différents gouvernements pour combattre l’iniquité menstruelle aussi. Le but est que ce musée ne serve plus à éduquer les gens, mais qu’ils puissent témoigner de ce que nous avons réussi à accomplir.