Un inspecteur rigoureux, bête noire de certains courtiers immobiliers
Radio-Canada
Au printemps 2020, en prévision de l’inspection préachat de leur future maison de campagne, à Saint-Adelphe, un village situé près de Saint-Tite, Allison Bernier et Stéphanie Boissinot retiennent les services de Michel Pelletier, un inspecteur en bâtiment réputé pour ses rapports détaillés.
Le couple va découvrir plus tard que cet inspecteur est redouté par certains courtiers immobiliers de la région. Partout où je suis capable de mettre mon nez, je vais mettre mon nez, lance Michel Pelletier, président d'Inspection SM Pelletier, une entreprise de la Mauricie. Je veux sortir un bilan de santé du bâtiment pour que l'acheteur, qui est mon client, soit capable d'avoir une idée globale du bâtiment.
Les deux femmes dans la vingtaine rêvent d'acheter leur première maison. Comme elles sont propriétaires de deux chevaux et de quatre chiens, la maison de Saint-Adelphe, isolée des voisins, est l’endroit rêvé pour elles et leurs animaux. On est tombées en amour solide! soupire Allison Bernier. C'était vraiment ce qu'on cherchait, une vieille maison canadienne.
Sa conjointe, Stéphanie Boissinot, habile de ses mains, est une nouvelle employée du Festival western de Saint-Tite. Ici, c'est le paradis. Tu attelles ton cheval, tu pars, tu te casses pas la tête. C'est vraiment ce qu'on voulait.
Mais le courtier immobilier du vendeur, Pascal Charland, de l’agence RE/MAX de Francheville, située à Trois-Rivières, a des réserves à l'endroit de leur inspecteur, Michel Pelletier.
Il dit : "C'est votre choix, mais personnellement, les courtiers, on n'a pas vraiment de bons commentaires avec cet inspecteur-là", se rappelle Stéphanie Boissinot. Il va vous trouver des problèmes à n'en plus finir, [du genre] cette maison est juste bonne à mettre à terre.
Ce qu'elles ignorent à ce moment-là, c’est que la maison convoitée avait été inspectée neuf mois plus tôt par nul autre que Michel Pelletier. Son inspection avait duré quatre heures. Son rapport de 100 pages fait état de multiples problèmes.
Désastreux, c'est le mot que Michel Pelletier a choisi pour nous décrire l'état de la maison. D’ailleurs, à la lecture de son rapport, sa cliente avait retiré son offre d’achat. C’est pour cette raison que la maison a été remise en vente pour aboutir entre les mains des deux jeunes filles.
Si le couple n’a pas été informé de l’existence du rapport de M. Pelletier, c’est que le vendeur n’a pas corrigé sa déclaration obligatoire lorsqu’il la leur a remise. Sur cette déclaration obligatoire qui a été remise au couple en mai 2020, à la question À votre connaissance, y a-t-il ou y a-t-il déjà eu un ou des rapports d’inspection sur l’immeuble?, le vendeur a coché non. Comme Michel Pelletier avait inspecté la maison neuf mois plus tôt, il aurait dû corriger sa déclaration et cocher oui. Voilà pourquoi le couple ignorait l’existence de son rapport.