Un Franco-Ontarien raconte son départ de Kiev et l’attente pour regagner le Canada
Radio-Canada
Président-directeur général du The Kyiv Post et originaire d’Alexandria, dans l’est ontarien, Luc Chénier attend encore de pouvoir revenir au Canada avec sa famille, après avoir dû fuir Kiev et les bombardements.
Dans quelques heures, ce Franco-Ontarien quittera la Hongrie en direction de Vienne, en Autriche, avec sa fille et sa femme ukrainienne. La fin, espère-t-il, d’un long périple qui l’a vu quitter précipitamment l'Ukraine où il vit depuis une vingtaine d’années et Kiev où il travaille comme président-directeur général du KyivPost, un journal ukrainien publié en anglais.
Il était 5h18, le 24 février, lorsque lui et sa famille se sont fait réveiller par un missile tombé à quelques kilomètres de leur maison.
On était quand même assez chanceux, car la soirée d’avant, on avait fait tous nos bagages, raconte-t-il, mercredi matin, en entrevue à l’émission Les Matins d’ici. On comprenait qu’il fallait aller vivre dans l’ouest pour aller faire nos papiers à l’ambassade temporaire canadienne qui avait déménagé là. Donc, tout était préparé ce matin-là et on devait partir avec le chauffeur, à 8h, mais on a eu un réveil matin à 5h18. Comme on dit en bon canadien-français, "ça a pas mal brassé la cabane".
L’attaque russe, tout le monde en parlait. Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie, en 2014, la pression était constante sur l’Ukraine et M. Chénier en était bien conscient. Mais jamais il n’aurait pensé à une attaque si grave et si intense, dit-il. Une attaque qui perdure aujourd’hui.
Quand on s’est fait réveiller [par le bombardement], c’était un choc [...] on n’avait jamais imaginé ce qui allait se passer. On pensait que c’était juste un bluff [...], mais on n’imaginait jamais que des missiles tomberaient sur la ville de Kiev. Et quand c’est arrivé, on s’est dit : "Oh my god, ça commence pour de vrai", partage-t-il.
Le président-directeur général du Kyiv Post n’a pas hésité une seconde et lui et sa famille ont décidé de devancer de quelques heures leur départ pour une longue route vers la sécurité.
Ce qui ne prend d’habitude pas plus 45 minutes pour laisser les frontières de la ville de Kiev a pris quasiment six heures. C’était complètement bloqué, il y avait des centaines et des centaines d’autos aux stations de gaz et [...] pour trouver une station où il en restait encore, ça nous a pris une autre centaine de kilomètres. On était quasiment à court de pétrole, se souvient-il.
Lui et sa famille se sont d’abord dirigés vers la Pologne, mais l’attente les a dissuadés.