
Un film lève le voile sur un pan méconnu du « chemin de fer clandestin » en Ontario
Radio-Canada
À l'occasion du Mois de l'histoire des Noirs, le cinéma Hot Docs de Toronto a accueilli une projection spéciale d'un épisode de la série The Nature of Things consacré à un épisode peu connu du « chemin de fer clandestin », ce réseau qui a permis à de nombreux esclaves des États-Unis de rejoindre les États du nord et le Canada.
La Cataract House était un hôtel de luxe de Niagara Falls, aux États-Unis. Au XIXe siècle, ce lieu est devenu le théâtre d'un mouvement de résistance des personnes noires d'Amérique du Nord. Le maître d'hôtel, John Morrison, et son équipe ont secrètement organisé l'évasion de très nombreux demandeurs d'asile vers le nord de la frontière.
L'aspect mystérieux de cette histoire a séduit le producteur exécutif du documentaire, Richard Jean-Baptiste. Il a aussi été conquis par la combativité des personnes concernées : II s'agit d'anciens esclaves qui décident de s'organiser entre eux pour affronter un régime d'oppression avant d'ajouter que, pour lui, c'est cette notion très proactive et engageante qui [l]'a convaincu .
Un sentiment conforté par la nouvelle perspective offerte sur les héros de cette histoire.
« Les esclaves sont souvent présentés comme étant passifs, se faisant aider par les Blancs, mais là, on a vraiment une preuve tangible que d'anciens captifs sont venus en aide à leurs semblables. »
Le producteur exécutif compare les membres de la Cataract House aux figures de la révolution haïtienne et du mouvement de résistance française durant la Seconde Guerre mondiale.
Les parents de Saladin Allah, lui-même descendant d'un membre de l'organisation, étaient affiliés au Black Panther Party. Dès son plus jeune âge, l'homme s'est construit avec cet héritage qu'il partage dans le documentaire. C'est la beauté de mon histoire, j'ai été bercé par le sens de la culture et de l'identité alors que j'étais enfant, dit-il.
Le présentateur de l'épisode, Anthony Morgan, ignorait tout de la Cataract House avant d'être contacté par les producteurs. La majorité des Canadiens aussi n'ont pas idée de cette aventure qui s'est pourtant déroulée juste sous nos portes.
Secret Agents of the Underground Railroad met aussi en avant une discipline qui casse les codes de la recherche de preuves à travers l'histoire : l'archéologie collaborative (community archaeology). C'est à l'opposé de l'archéologie traditionnelle qui vise à accaparer des richesses, les communautés sont impliquées dans les découvertes qui les concernent et qui sont juste sous leurs pieds, explique Anthony Morgan .