
Un dépôt à neige situé à proximité de la rivière préoccupe à Magog
Radio-Canada
Le dépôt à neige de Magog, situé près de la rivière du même nom, préoccupe des citoyens depuis un certain temps. L’eau de fonte qui provient du dépôt se retrouve en effet dans la rivière après être passée dans un bassin de décantation. Dans un bilan de gestion du dépôt à neige datant de 2021 obtenu via la Loi d’accès aux documents, Radio-Canada a appris que certains échantillons répertoriés présentaient des dépassements quant à certains critères du gouvernement.
L’eau analysée était en effet trop chargée en matières en suspension. Ces dernières s’élevaient à 107 mg/L, alors que la norme gouvernementale les limite à 30 mg/L. Le pourcentage de matières en suspension décantables atteignait quant à lui 55 %. Les critères gouvernementaux imposent plutôt un maximum de 30 %.
Selon le professeur titulaire à la Faculté de génie civil et du bâtiment de l’Université de Sherbrooke Hubert Cabana, avec qui Radio-Canada a discuté du rapport lundi, ces nombres ne représentent pas nécessairement une contamination majeure de la rivière. Il est en effet impossible de savoir ce que transportaient les matières en suspension.
Le professeur indique toutefois qu'il est tout autant impossible d’affirmer que les matières en suspension ne causent aucun problème. Selon lui, l’encadrement exigé par le gouvernement ne permet pas de savoir exactement ce qui retrouve dans les cours d’eau, et d'avoir un portrait clair de la situation.
Beaucoup d’éléments qui proviennent de véhicules, des HAP [hydrocarbures aromatiques polycycliques] qui proviennent de la combustion de l’essence, des métaux qui sont sur les véhicules... Même si on en a très peu, imaginez, ici, je ne sais pas combien de mètres cubes de neige on a, mais vous faites fondre cette eau-là, vous allez avoir beaucoup de contaminants qui peuvent être largués dans un laps de temps assez court, explique-t-il.
Tout ça peut être problématique. Pour moi, l’enjeu premier est plus de dire "est-ce que ce qu’on a comme normes, c’est suffisant?" D’un autre côté, il y a aussi "est-ce qu’on est à prêts à payer pour une infrastructure de traitement qui serait plus élaborée, qui permettrait de retirer plus de contaminants que ce qui est fait actuellement?", ajoute-t-il.
Des organismes demandent justement de resserrer la réglementation dans le dossier des dépôts à neige. La Fondation Rivière, qui était intervenue en 2018 quant au cas de Magog, estime qu’il est temps de mieux prévenir les possibles conséquences environnementales, soutient son président, Alain Saladzius.
Ça a été fait de façon très sommaire afin d’éviter des coûts très importants pour les municipalités. Ce sont des exigences extrêmement minimalistes. De faire décanter les eaux, ça enlève le sable, essentiellement. [...] Il y a des rejets, il y a une contamination toxique importante qui peut sortir de là. Il faut que ces lieux-là soient encadrés, qu’il y ait une liste, avance-t-il.
La Ville de Magog n’était pas en mesure d’accorder une entrevue à Radio-Canada lundi. Elle indique toutefois être très proactive dans ce dossier et assure agir pour respecter les critères du gouvernement du Québec.