Un cimetière de déchets dangereux veut s’étendre dans les Laurentides
Radio-Canada
La compagnie américaine Stablex, située à Blainville, demande l'autorisation au gouvernement Legault de doubler sa capacité pour enfouir jusqu'à 13 millions de tonnes de matières dangereuses, en provenance du Québec, du Canada et des États-Unis, sur un terrain boisé, parsemé de milieux humides. Des citoyens se mobilisent pour l'empêcher.
Le ministre de l'Environnement vient d'annoncer qu'il soumettra le projet à une commission d'enquête du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) qui débutera le 8 mai. Le BAPE a recommandé un examen approfondi en raison, notamment, des enjeux sensibles et diversifiés.
Stablex est unique au Québec. C'est le seul site où l'on traite et enfouit des résidus dangereux inorganiques industriels. Ces déchets sont enfermés dans de vastes cellules, sur des dizaines d'hectares appartenant au gouvernement du Québec.
Au départ, le projet de nouvelle cellule devait se situer à 300 mètres d'un quartier résidentiel. L'entreprise a finalement revu ses plans pour l'éloigner à 1,1 kilomètre. L'opération lui permet, par la même occasion, d’augmenter sa capacité d'enfouissement de millions de tonnes de déchets de plus, et pendant plus longtemps.
L'entreprise souhaite commencer à remplir la nouvelle cellule, la numéro 6, en 2027 et l'exploiter pendant 40 ans.
Stablex a décliné notre demande d'entrevue et de visite des installations.
Pour résumer ce projet soumis au BAPE, Radio-Canada a parcouru plus de 1000 pages de documents déposés par l'entreprise auprès du ministère de l'Environnement. Nous avons aussi pris connaissance d'échanges entre Stablex et le gouvernement. Enfin, durant 3 h 30, le 8 mars, la compagnie a répondu à de nombreuses questions, lors d'une assemblée publique.
Stablex indique que 600 entreprises différentes lui envoient leurs matières dangereuses résiduelles et leurs sols contaminés. Ces clients sont situés au Québec, en Ontario, et dans le Nord-Est des États-Unis. Il s'agit d'entreprises métallurgiques surtout, mais aussi automobiles, pétrochimiques, pharmaceutiques, des laboratoires...
L'existence de Stablex a été une réponse à un problème qui se posait dans les années 1970 au Québec : il n'y avait aucune solution pour gérer les déchets industriels dans la province. Avant l'ouverture du site, en 1983, les industries devaient stocker les déchets impossibles à éliminer, ce qui occasionnait des contaminations.