Un chimiste « indigné » réclame de nouvelles études sur l’incinérateur de Québec
Radio-Canada
Tel un satellite, Patrick Ferland gravite autour de l'incinérateur de Québec depuis des années. Ancien résident du Vieux-Limoilou et ayant aujourd'hui fait son nid dans Maizerets, il regarde les colonnes de fumée s’élever dans le ciel comme certains fixent la lune, le doute au cœur.
Le père de famille de 38 ans ne s’autorise plus à faire un jogging autour de chez lui si les vents y poussent les rejets de l’incinérateur. Sur le frigo de sa cuisine, il note quotidiennement leur direction pour déterminer le trajet du jour. Quand on va courir, ma blonde et moi, on part dans le sens opposé, raconte-t-il en entrevue à Radio-Canada.
Malgré les sorties répétées des autorités affirmant que l’incinérateur n’influence pas de manière significative la qualité de l’air des quartiers limitrophes, le chimiste de formation est incapable de croire cette version, surtout après avoir consulté les dernières études sur la question.
Au nom de l’honnêteté intellectuelle, il a passé les deux dernières années à déboulonner les travaux du ministère de l’Environnement du Québec et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), qu’il juge incomplets, voire erronés.
Avec quelques collaborateurs, il a produit bénévolement un rapport de 66 pages qu’il s'apprête à remettre au ministère. Une copie sera aussi envoyée au maire Bruno Marchand. Il y critique des lacunes méthodologiques et par le fait même les conclusions qui ont été tirées jusqu'ici.
Ces études ne devraient pas être utilisées dans la prise de décisions sur l'incinérateur, tranche Patrick Ferland, dont la démonstration est essentiellement une invitation au gouvernement et à la Ville à refaire leurs devoirs.
Il évoque dans son contre-rapport des biais de sélection qui entraînent une sous-estimation des concentrations de polluants, une caractérisation insuffisante [...] de la dispersion atmosphérique des contaminants ainsi que la faible représentativité spatiale et temporelle des échantillonnages utilisés par le MELCCministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Inquiet de la qualité de l’air dans son milieu de vie de façon générale, le citoyen Ferland cherchait un moyen de contribuer au débat lorsqu'il a entrepris de s'attaquer aux études du ministère.
Le déclic s'est fait lors d'une rencontre organisée en juin 2019 par le député du coin, le solidaire Sol Zanetti. Pendant de longues heures, Slavko Sebez, un retraité de la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale, avait mis à mal ces mêmes études du MELCCministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.