Un camp pour jeunes autochtones qui change des vies
TVA Nouvelles
Un petit autobus jaune brave les chemins forestiers qui conduisent jusqu'au camp de prévention et responsabilisation des services sociaux Atikamekw, au beau milieu de la forêt du Nitaskinan. Les jeunes âgés entre 12 et 19 ans proviennent des communautés de Manawan et de Wemotaci ainsi que de la ville de La Tuque. L'objectif, reconnecter la trentaine de jeunes qui ont des parcours difficiles, à leur culture autochtone.
Parmi les participants, on retrouve des jeunes contrevenants qui sont arrivés quelques jours plus tôt que les autres. Les sentences extrajudiciaires seront accomplies ici. Amélie hérite du rôle d'aide-cuisinière tandis que Josayan, un grand gaillard de 19 ans aide à installer le campement. Les jeunes s'impliquent et travaillent dans la bonne humeur. ''Un jour, je me vois en tant qu'intervenant. Je suis passé par là, je sais ce qu'ils vivent. Il y a six, sept ans, j'étais un gars vraiment agressif!'' témoigne le jeune homme qui prend son rôle de mentor au sérieux. Ce camp peu conventionnel obtient des résultats forts prometteurs. ''Sur 18 jeunes, on en a seulement deux qui ont récidivé. Ça équivaut à peu près à 90% moins de risque qu'ils récidivent.'', relate Gaétan Gauthier, délégué jeunesse au SIAA.
Ici un extrait d'entrevue avec Josayan, 19 ans:
Les autres jeunes sont sous l'égide du SIAA, le Système d'intervention d'autorité atikamekw, le pendant de la DPJ ou encore ont été ciblés par des intervenants comme étant à risque de développer des comportements délinquants. Mais pendant le séjour en pleine nature, les jeunes témoignent prendre une pause des problèmes du quotidien. ''Je me sens bien ici, je me sens à ma place. Je suis où je devrais être. Ça fait du bien surtout quand ça fait longtemps que je n'ai pas parlé atikamekw'', confie Angelina. La jeune fille de 16 ans a été placée en famille d'accueil à l'âge d'à peine six mois. ''J'ai vécu des choses que je n'aurais pas dû vivre. Ça m'a affecté psychologiquement. C'est pour ça que je me suis mise à boire de l'alcool à 11 ans, à fumer de la cigarette et aussi du pot à 11 ans'' poursuit-elle.
Des intervenants autochtones, des aînés et même un guide spirituel accompagnent les jeunes. Le matin, des petits groupes s'élancent sur le lac immense avec leur guide, Patrice Ottawa, un intervenant culturel. Ensemble, ils vont déployer les filets. ''On va pêcher le doré. Dans notre langue on dit Okacik.'', explique-t-il. D'autres partiront à la chasse à la perdrix ou iront poser des collets pour trapper le lièvre. Plus tard, les jeunes prépareront les animaux qu'ils ont eux-mêmes chassés ou pêchés sous les conseils avisés des aînés, qui en profitent pour raconter des histoires du temps où ils étaient encore nomades. ''On apprend aux jeunes comment monter les tentes, quel genre de sapinage ça prend. L'importance de chaque animal et qu'il ne faut pas gaspiller. La langue, l'histoire, on touche globalement tout ce qui entoure la culture atikamekw'', décrit Greg-Yvan Flamand, travailleur communautaire SIAA.
Ici un extrait d'entrevue avec Angelina, 16 ans: