
Un agresseur sexuel obtient une absolution pour préserver sa carrière
Radio-Canada
Un ingénieur de Trois-Rivières qui a agressé sexuellement une femme et pris des photos de ses parties intimes bénéficie d'une absolution conditionnelle afin de lui permettre de voyager pour son travail. La décision est vivement dénoncée par des organismes qui soutiennent les victimes.
En avril 2019, Simon Houle, alors étudiant en génie mécanique à l'Université du Québec à Trois-Rivières, agresse sexuellement une de ses amies lors d'une fête dans un appartement. La femme, qui dort dans une chambre, est réveillée par la lumière d'un appareil photo. Elle sent des doigts dans son vagin qui font un mouvement de va-et-vient. Sa camisole est levée et son soutien-gorge est ouvert. Neuf photos de ses parties intimes sont retrouvées dans le cellulaire de son agresseur.
Plus de deux ans après, l'ingénieur a plaidé coupable à des accusations d'agression sexuelle et de voyeurisme.
Alors que la Couronne réclamait 18 mois de prison, le juge Matthieu Poliquin, de la Cour du Québec, lui a plutôt fait bénéficier d'une absolution conditionnelle, dans une décision rendue le mois dernier.
Il estime que les conséquences d'un casier judiciaire seraient disproportionnées, puisque le tribunal est convaincu que le travail d'ingénieur nécessite des déplacements dans d'autres pays. À noter que Simon Houle, qui a le même employeur depuis 2018, n'a encore jamais eu à voyager pour son travail.
Dans sa thérapie amorcée peu de temps après les accusations, Simon Houle a admis avoir agressé sexuellement une autre femme par le passé, sans être accusé. Cet aveu, quoique troublant selon le juge, démontre son désir de transparence et le sérieux de sa thérapie.
Le juge Poliquin note que l'accusé regrette énormément les gestes posés, a plaidé coupable et éprouve de la honte au point de ne pas avoir informé son père et ses frères des accusations qui pesaient contre lui.
Même s'il souligne le caractère intrusif et grave des crimes commis sur une victime en état de grande vulnérabilité, le tribunal précise que l'agression s'est déroulée somme toute rapidement. L'ivresse de Simon Houle, sans être une justification, permet tout de même d'expliquer un comportement, selon le juge.
Simon Houle, qui a entrepris un certificat à temps partiel en droit, a démontré qu'il est une personne de bonne moralité et que ses crimes sont contextuels et ponctuels dans sa vie, peut-on lire dans la décision.