Un « cri d’alarme » sur les services de protection à l’enfance du Nunavut
Radio-Canada
Des enfants sans suivis pendant plusieurs mois, des communautés dépourvues de travailleurs sociaux, des services inadéquats : les lacunes du système de protection de l’enfance et de la jeunesse du Nunavut sont telles que la vérificatrice générale du Canada lance un « cri d’alarme » au gouvernement territorial dans son rapport d’audit, rendu public mardi.
De passage à Iqaluit, pour présenter son rapport (Nouvelle fenêtre), la vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, dresse un constat sans équivoque : Le ministère des Services à la famille a manqué à son devoir de protéger les enfants vulnérables et d’appuyer les familles, le personnel de première ligne et les collectivités , peut-on lire dans le document de 25 pages.
Entre le 1er janvier 2019 et le 31 mai 2022, le Bureau du vérificateur général du Canada (BVG) a audité les ministères des Services à la famille et de la Santé et des Ressources humaines et s’est rendu dans cinq collectivités des trois régions du Nunavut.
Dans la liste exhaustive de lacunes cernées, la vérificatrice générale établit que le ministère des Services à la famille n’effectuait pas de suivis réguliers auprès des enfants, parfois pendant de longues périodes. À titre d’exemple, elle cite le cas de deux foyers d’accueil où aucun suivi n’avait été effectué auprès des enfants qui y avaient été placés pendant la période de 39 mois visée par l’audit.
« Sans ces suivis, le Ministère ne pouvait pas savoir ce qu’il en était du bien-être ou de la sécurité des enfants. »
Par ailleurs, le rapport établit que le gouvernement territorial n’effectue pas les vérifications préalables adéquates auprès des foyers d’accueil, une constatation mise en lumière dans une récente enquête de Radio-Canada.
Cette dernière a notamment révélé que le gouvernement du Nunavut avait placé huit jeunes sous la protection des Services à la famille dans des foyers de groupe illégitimes en Alberta, au cours de la dernière année. De plus, selon des informations obtenues par Radio-Canada, l’Alberta n’avait été informée de la présence de ces enfants sur son territoire que plusieurs mois après leur arrivée.
« Il est essentiel de procéder à une évaluation préalable des nouveaux foyers d’accueil et d’assurer la surveillance des foyers établis pour confirmer qu’il s’agit de milieux sécuritaires et stables pour les enfants », indique la vérificatrice générale.
Le manque de collecte de données est une autre lacune que souligne le rapport, ce qui ne permet pas de refléter la réelle étendue de la situation. À titre indicatif, durant sa période d’audit, le BVG n’a pas été en mesure de savoir combien d’enfants et de jeunes se trouvaient sous la protection des services à l’enfance du Nunavut.