
Tyler Shandro nommé ministre de la Justice : l’indépendance du Barreau mise à mal
Radio-Canada
La nomination de Tyler Shandro au poste de ministre de la Justice et solliciteur général de l’Alberta pourrait miner la confiance du public dans l’indépendance du Barreau, croient un expert de droit et l’opposition néo-démocrate. Tyler Shandro fait actuellement l’objet d’une enquête du Barreau de l'Alberta, l'ordre professionnel des avocats qu’il est responsable de superviser.
Tyler Shandro a été nommé à ce poste vendredi après-midi, en remplacement de Kaycee Madu. Une ex-juge a conclu dans son rapport que M. Madu avait tenté d’interférer avec l’administration de la justice en appelant le chef de la police d’Edmonton après avoir reçu une amende d’un policier.
Le Barreau de l’Alberta a ouvert une enquête sur Tyler Shandro concernant trois allégations en lien avec son comportement lorsqu’il était ministre de la Santé. Des citoyens allèguent qu’il les a intimidés.
Or, Tyler Shandro supervise le Barreau de l’Alberta en tant que ministre de la Justice. Il en est un membre honoraire, selon la loi.
Selon le professeur agrégé au Département de droit de l’Université de Calgary Shaun Fluker, cette nomination risque de miner la confiance du public dans l’indépendance du Barreau, en raison de la relation de gouvernance qui les unit.
À la suite de cette audience disciplinaire, il y a deux résultats possibles. Si le Barreau décide que les allégations méritent des sanctions, cela teinterait la relation avec le ministre de la Justice, explique l’expert.
« Dans l’alternative, si le Barreau conclut qu’il n’y a pas matière à sanction, on peut s’inquiéter de la perception que cette décision ait été influencée par le fait que la personne faisant l’objet de l’enquête est le ministre de la Justice. »
Le porte-parole de l’opposition néo-démocrate en matière de justice, Irfan Sabir, se demande pourquoi un autre député conservateur uni ne pouvait pas être nommé, au moins le temps de l’enquête : C’est problématique pour tous les Albertains qui se soucient de la démocratie et de l’État de droit.
Le Barreau de l’Alberta affirme de son côté que bien que la loi fasse du ministre un de ses membres honoraires, il ne l’invite à aucune rencontre du Conseil du Barreau. Dans aucune circonstance le ministre n’aurait accès à de l’information en lien avec nos fonctions réglementaires [disciplinaires], écrit la porte-parole de l’ordre professionnel, Colleen Brown.