Trudeau l’impatient
Radio-Canada
Quand on lit les 3000 mots du discours du Trône, mais surtout quand on lit entre les lignes, on sent que le gouvernement Trudeau est impatient.
Impatience d’avancer rapidement sur SES dossiers prioritaires, mais de le faire à SA façon, sans trop se soucier, pour le moment, de sa situation minoritaire.
Quand Justin Trudeau regarde autour de lui, il voit une opposition à Ottawa qui a peu de pouvoir de négociation. Et des premiers ministres des provinces (notamment en Ontario, au Québec et en Alberta) aux prises avec leurs propres difficultés internes.
Ce paysage politique, au début du troisième mandat de Justin Trudeau, ressemble à une occasion à saisir, afin d'accélérer et de tenter de sécuriser son héritage. Le discours du Trône de mardi est sa feuille de route pour y parvenir, en espérant rencontrer le moins d’obstacles possible.
Les libéraux sentent qu’ils ont les coudées franches aux Communes pour les 18 à 24 prochains mois. Puisque tous les partis d’opposition ont dénoncé la tenue d’élections inutiles cet été, le gouvernement est convaincu qu’aucun adversaire ne prendra le risque de faire tomber le gouvernement rapidement, par crainte de provoquer la colère de l’électorat.
Cette conviction se reflète dans le discours du Trône, qui semble avoir été écrit par un gouvernement majoritaire. Il y a peu de tentatives, sinon aucune, de courtiser les partis d’opposition. Par exemple : les conservateurs auraient voulu plus d’indications que les libéraux vont mieux contrôler les dépenses et plus de mesures concrètes pour s’attaquer à l’inflation, mais ce n’est pas dans les cartons.
Le Bloc québécois souhaitait un langage plus clair sur l'augmentation des transferts en santé; le gouvernement Trudeau ne fait pas de promesse.
Le NPDNouveau Parti démocratique espérait voir certaines parties chouchous de leur programme mentionnées, comme l’assurance médicaments universelle. C’était dans les discours du Trône de 2019 et 2020, mais pas dans celui de cette semaine.
Le mirage d’une alliance entre libéraux et néo-démocrates semble donc s’être évaporé. Le seul qui continue à l’évoquer, c’est Erin O’Toole, qui démonise une entente qui n’existe pas, peut-être pour détourner l’attention de ses propres problèmes concernant la vaccination des membres de son caucus.