Troisième lien : en a-t-on vraiment besoin?
Radio-Canada
L’abandon d’un troisième lien autoroutier par le gouvernement de la CAQ est l’occasion de poser un profond diagnostic des besoins en matière de transport dans la grande région de Québec. Un tunnel pour le transport en commun est-il vraiment la solution?
Les paroles prononcées jeudi par le député de Lévis, Bernard Drainville, la gorge nouée, résument à elles seules le parcours cahoteux du projet de troisième lien.
L’engagement que j’ai pris était sincère, le trafic que j’observais l’été passé était réel, j’ai sincèrement cru que le trafic de malade qu’on avait l’été passé était la nouvelle normalité, a-t-il dit. Et puis, visiblement, une fois que les travaux se sont terminés, le nouveau trafic normal d’après la pandémie n’est pas celui qu’on avait auparavant, et c’est ce que les études démontrent.
Les mots de M. Drainville rappellent cruellement ce qu’ont dénoncé de nombreux experts depuis des années : le projet de la CAQ de construire un nouveau tunnel autoroutier de 8,3 kilomètres sous le fleuve Saint-Laurent était essentiellement fondé sur des observations empiriques, et non sur des données scientifiques.
Un projet devenu indéfendable au fil du temps, mais pourtant défendu bec et ongles par les élus. Il aura fallu attendre dix ans et la troisième version du projet pour enfin disposer d'études.
À la lumière des données à jour, nous avons dû prendre une décision difficile, mais responsable. Toujours animés par la volonté d’améliorer la mobilité et la fluidité entre Québec et Lévis, nous le ferons par un tunnel dédié au transport collectif efficace, a déclaré la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, sur Twitter.
On peut donc se réjouir du fait que ce sont justement les données probantes qui ont incité la CAQ à opérer un spectaculaire revirement sur le projet d’un troisième lien autoroutier entre Lévis et Québec. Mais cette décision n’est que le début d’une grande aventure.
Si le but du gouvernement est vraiment d’améliorer la mobilité dans la grande région de Québec, il ne pourra faire l’économie des questions les plus difficiles, y compris celle du bien-fondé même d’un projet de troisième lien, fût-il consacré au transport collectif.
Presque dix ans après les balbutiements du projet, on a tout de même un peu l’impression qu’il faut tout recommencer à zéro.