
Trois questions sur les élections au Chili
Radio-Canada
Le 19 décembre, les Chiliens vont aux urnes pour le deuxième tour de l’élection présidentielle. Gabriel Boric, ancien leader étudiant à la tête d’une coalition de gauche, affronte José Antonio Kast, politicien millionnaire représentant de l’extrême droite. Deux propositions aux antipodes pour un pays, en apparence, très divisé.
José Antonio Kast, 55 ans, met l’accent sur la loi et l’ordre. Nostalgique de la dictature d’Augusto Pinochet, qui a gouverné le Chili entre 1974 et 1990 (et a fait plus de 40 000 victimes), il promet de lutter contre la criminalité et l’immigration.
Père de neuf enfants, il est opposé à l’avortement et en faveur de l’amnistie des militaires condamnés pour des crimes commis sous la dictature.
En économie, M. Kast propose de maintenir le modèle ultralibéral mis en place par le général Pinochet. Il veut réduire les dépenses publiques, diminuer les impôts, libéraliser les marchés financiers et repousser l'âge de la retraite.
Pour sa part, Gabriel Boric s’est fait connaître pour son rôle dans les luttes étudiantes de 2010-2011. Âgé de 35 ans, il deviendrait, s’il est élu, le plus jeune président de l’histoire du pays. Il est signataire de l’accord qui a permis l’organisation d’un référendum sur la rédaction d’une nouvelle Constitution, après les manifestations de 2019.
Son programme prévoit de mettre en place un État providence à l’européenne, de lutter contre les inégalités sociales, d'augmenter les dépenses publiques, et de réformer la santé, les retraites, l’éducation et la fiscalité.
Les deux candidats proviennent des extrêmes des coalitions traditionnelles de centre droit ou centre gauche qui gouvernent le Chili depuis la fin de la dictature, souligne Kenneth Bunker, fondateur et directeur du site d’analyse électorale Tresquintos, et chercheur associé à l’Observatoire politique électoral de l’Université Diego Portales, à Santiago.
S’ils veulent remporter l’élection, ils doivent aller chercher les électeurs du centre, qui ont choisi d’autres candidats lors du premier tour, estime l’analyste.
« Celui qui remportera l’élection est celui qui réussira à capter ces votes de la meilleure manière possible. »