
Trois ans de démarches judiciaires pour contester un faux testament
Le Journal de Montréal
Jusqu’au décès de son père, des suites de la Covid-19 au printemps 2020, François Martel aurait juré que, le jour venu, tout se passerait comme prévu.
Il avait été désigné exécuteur testamentaire plusieurs années plus tôt et, suivant la volonté de ses parents, les biens seraient divisés à parts égales entre les cinq frères et sœurs.
Malheureusement, la réalité fut toute autre. Et plutôt que d’entamer son deuil comme il se devait, le départ subit du paternel fut pour lui et ses sœurs le début de trois ans de longues batailles en justice contre la moitié de la fratrie. Chose qu’il n’aurait jamais cru possible.
C’est pourtant ce qui arriva. « Ceux qui s’imaginent que l’héritage des parents leur reviendra d’office, qu’il fait en quelque sorte partie de leur patrimoine, peuvent avoir de grandes surprises, prévient-il. Cette expérience m’a montré qu’on ne peut rien prendre pour acquis. Même avec la famille. »
M. Martel a commencé à se douter qu’il se tramait quelque chose d’anormal dès les premiers instants de la lecture du testament. Non seulement ce dernier n’était plus l’exécuteur désigné, mais il apprenait en prime que lui et ses deux sœurs s’étaient vus complètement déshérités par leur père.
Pour tous, à l’exception des deux frères cadets reconnus, la surprise fut totale. « Jusqu’à ce que les mesures sanitaires liées à la Covid ne nous empêchent de le visiter, nous entretenions tous de bonnes relations avec lui, explique M. Martel. Et jamais, au grand jamais, il nous avait informés de changements à ses dernières volontés. Pourquoi donc en serait-il venu à prendre une telle décision ? »
Ses deux frères cadets, devenus seuls héritiers de la fratrie (de cinq), avaient beau répéter que leur père leur avait demandé, et à l’insu du reste de la famille, d’écarter les trois autres frères et sœurs de l’héritage, un doute demeurait... À tel point que M. Martel, décida de faire quelques vérifications d’usage pour en avoir le cœur net.
S’engage alors la quête d’une série d’indices permettant de prouver que leur père, diminué, atteint d’un début de démence et rendu vulnérable, fut incité par son entourage, et contre son gré, à signer un testament déshéritant la moitié de ses enfants.
Avec ses sœurs, ils décident de se faire aider. Suivent l’embauche d’un détective privé, d’une avocate spécialisée, d’un expert en ophtalmologie, et de pas un, mais deux graphologues pour démontrer, entre autres, que des passages aux documents n’avaient dans les faits jamais été écrits par leur père.