Trentième anniversaire de Sauvez mon âme : le deux pour un de Luc De Larochellière
Radio-Canada
Durant les années 1990, quand le compact était roi, les compagnies de disques rééditaient parfois deux vinyles en un seul album. Aubaine pour le consommateur : du deux pour un. C’est exactement ce que Luc De Larochellière a proposé, samedi soir, au théâtre Outremont.
Les spectateurs qui s’étaient déplacés pour assister à son concert présenté à Coup de cœur francophone venaient pour la célébration du 30e anniversaire de Sauvez mon âme (1990). Ils se doutaient qu’ils allaient aussi entendre quelques-unes des meilleures chansons du premier disque du grand Luc, Amère America (1988).
Après tout, quand il a célébré les trois décennies son premier-né il y a trois ans, De Larochellière interprétait une poignée de chansons de Sauvez mon âme. S’attendre à une inversion de la proposition du répertoire allait de soi. C’est d’ailleurs ce qu’il faisait depuis quelques semaines avec son spectacle.
La plupart des spectateurs savaient donc qu’ils allaient avoir droit à toutes les chansons de Sauvez mon âme en séquence, comme sur le disque compact d’antan. Il n’y avait pas eu de vinyle à l’époque. Mais ils ne s’attendaient pas à avoir également droit à Amère America au complet en première partie. C’était d’ailleurs la toute première fois que De Larochellière offrait à son public cette gâterie double, ce qui sera le cas aussi à Québec, au Palais Montcalm, le 19 novembre.
Les deux albums phares, intégralement et en séquence, avec les neuf extraits radiophoniques qui ont eu du succès, le même soir? En effet. Et avec tous les membres des deux tournées du passé : Marc Pérusse (guitare), Yoland Houle (guitare basse), Sylvain Clavette (batterie), Gérard Cyr (claviers), Paul Picard (percussions) et les choristes Monique Paiement et Dominique Faure. La totale, quoi.
Ils étaient tous en vie et ils ont accepté l’invitation de venir jouer, a ironisé De Larochellière en précisant que son répertoire d’un soir n’allait comprendre que des chansons écrites jusqu’à ses 24 ans. Une exception – assumée : Si je te disais reviens, à l’ultime rappel. On peut parler sans se tromper d’un concert vintage.
Histoire de diversifier son offre, l’auteur-compositeur et interprète a alterné entre les modes acoustique et électrique, les interprétations individuelles et collectives.
Ouverture avec Amère America en mode minimaliste guitare-voix, uniquement accompagné de la ligne de basse discrète de Houle au fond de la scène (elle a été reprise au rappel avec tout le groupe en mouture électrique). Puis, la totalité des voix et des instruments pour La route est longue, jouée à s'y méprendre comme dans le temps.
Ce qui, par définition, était un concert placé sous le signe de la nostalgie n’était pas passéiste pour autant. Le silence – inspirée de l’attente des autobus à Laval-des-Rapides dans les années 1980 – était bien plus étoffée que sur le disque. Les élections était maintenant charpentée sur une rythmique qui n’était pas sans rappeler Protest Song, de Richard Séguin. Et si Chinatown Blues était fidèle à ses racines, les férus des concerts de l’artiste depuis 30 ans pouvaient mesurer les variantes dans les arrangements, ici et là.