
Travailleurs infectés au front : un syndicat appréhende d’autres démissions
Radio-Canada
L’annonce du gouvernement mardi qu’il va permettre aux employés infectés de poursuivre leur travail sous certaines conditions fait craindre de graves conséquences sur le moral des troupes, selon le milieu syndical.
On s’attend à ce qu’il y ait de l’assurance salaire parce qu’il y a des gens qui ne seront carrément pas capables d’en rajouter une couche à qu’ils ont vécu dans les dernières années [...] On s’attend à des démissions, redoute Nathalie Perron, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
C’est extrêmement précipité et même dangereux dans un contexte où ces gens-là peuvent infecter autant leurs collègues de travail que les patients, déplore-t elle, ajoutant que le scénario n’est pas encore envisagé par l’employeur dans la région.
La hausse des cas et des hospitalisations liées à la COVID-19 met une pression sur le réseau de la santé. À l’heure actuelle, 736 employés de la santé en Mauricie et au Centre-du-Québec sont absents du travail en raison de la maladie.
Le gouvernement a indiqué hier que des travailleurs ayant reçu un résultat positif au test de la COVID-19, mais qui ne présentent pas de symptômes, devront suivre un protocole précis pour continuer à travailler.
Nathalie Perron rapporte de l’inquiétude au sein des troupes, d’autant plus que le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-QuébecCIUSSS MCQ va recourir à l’arrêté ministériel dans la région pour éviter les ruptures de services.
Les gens qui sont affectés présentement par les arrêtés ministériels, qui demandent de suspendre les congés fériés, les vacances, les sans solde… [qui obligent] les employés à temps complet à faire des 12 h. Ça, c’est difficile parce que c’est toute la vie familiale qui est bousculée. Et ce n’est pas juste la vie familiale. C’est changer de milieu, pis d’aller dans des milieux qu’on connaît moins, [qui sont] stressants… le risque d’erreur est là aussi, témoigne-t-elle.
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) craint aussi pour la santé et la sécurité des travailleurs. Le syndicat croit que cette mesure va continuer de démobiliser le personnel et que les éclosions dans les établissements de santé pourraient être de plus en plus nombreuses.
Le ministre de la Santé Christian Dubé a d’ailleurs indiqué que la nouvelle mesure s’appliquera également aux autres travailleurs essentiels, sans toutefois préciser lesquels.