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Traitement des eaux : Montréal octroie un premier contrat d’ozonation
Radio-Canada
La station d’épuration des eaux Jean-R.-Marcotte, située dans le secteur de Rivière-des-Prairies, est l’endroit où convergent toutes les eaux usées de Montréal. Au nord et au sud de l’île, deux immenses intercepteurs, le long de la rivière des Prairies et du fleuve Saint-Laurent, y amènent en moyenne un débit de 28 mètres cubes par seconde.
C'est l'équivalent du stade olympique qui est traité tous les jours ici à la station, qui arrive ici dans ces puits, illustre Chantal Morissette, penchée au-dessus d’une immense fosse de plus de 40 mètres de profondeur. Aucune odeur nauséabonde, la ventilation fait manifestement ses preuves.
La directrice du service de l’eau est tout sourire à l’évocation du projet d’ozonation. C'est le projet environnemental le plus significatif des 30 dernières années au Québec.
Les ingénieurs peaufinent ce projet depuis près de 15 ans, lorsqu’il a été annoncé pour la première fois par l’administration du maire Gérald Tremblay, en 2008.
L’assainissement des eaux usées, bien que performant, manquait jusqu’ici d’ambition, selon Benoît Barbeau, professeur à Polytechnique.
On cherchait à éviter à ce qu'il y ait trop de croissance d'algues par exemple dans les cours d'eau, mais on ne se préoccupait pas des produits pharmaceutiques et d'autres composés qui sont présents dans nos eaux usées domestiques, explique-t-il.
L’ozone a des vertus désinfectantes. Selon les données avancées par la direction de l’eau de la Ville de Montréal, l’injection de ce gaz permet de détruire la quasi-totalité des bactéries (99,9 %) et de 75 à 96 % des virus et des substances émergentes. Un exemple parmi tant d’autres : les résidus de médicaments.
L’équipe de Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale à l’Université de Montréal, a analysé les eaux rejetées par l’usine dans le fleuve Saint-Laurent.
On a évalué que la station d'épuration, sans traitement actuellement pour les contaminants émergents, relâche une tonne de molécules actives d'antibiotiques dans le fleuve, par année. Ce n'est pas une tonne de pilules, c'est vraiment une tonne de la portion active des comprimés qui se ramassent dans le fleuve, indique Sébastien Sauvé.