Tests de dépistage : hors délai, MedSup perd 147 M$
Radio-Canada
Janvier 2022. Québec annonce en grande pompe l'octroi d'un contrat de gré à gré de 343 millions $ à l'entreprise magogoise MedSup Medical pour la livraison de 70 millions de tests rapides, un des plus gros contrats de l'histoire du Québec attribué sans appel d'offres. Incapable de livrer la marchandise à temps en raison des délais liés à l'homologation de ses tests par Santé Canada, MedSup Medical a vu son entente révisée à la baisse et l'entreprise a perdu plus de 40 % de la valeur du contrat initial.
Selon des données obtenues par Radio-Canada par le biais de la Loi d'accès à l'information, Québec a revu le contrat à la fin du mois de février. Le gouvernement s'est alors entendu avec l'entreprise pour une livraison de 40 millions de tests, pour un montant de 196 millions $. Or, MedSup Medical devait livrer 30 millions de tests rapides entre le 28 janvier et le 4 mars. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) confirme que les premières livraisons ont toutefois été effectuées seulement dans la semaine du 6 mars.
Le ministère de Santé et des Services sociaux du QuébecMSSS souhaite aller de l'avant malgré ces délais, puisque l’utilisation des tests rapides demeure très utile, particulièrement en cette période de déconfinement.
On travaillait avec des attentes, admet Keith Éthier, directeur général de l'entreprise MedSup médical. Tout le monde espérait livrer plus rapidement [...] Il y a eu des obstacles, il y a eu des défis et il y a eu des déceptions.
Le directeur de MedSup Medical soutient qu'il était convaincu en janvier, au moment de l'annonce de Québec, que les autorisations allaient tomber à point pour qu'il puisse livrer les tests de dépistage dès la fin janvier. [Les discussions avec Santé Canada] étaient entamées depuis déjà plusieurs semaines et les tests avaient été faits, affirme-t-il. Selon lui, le variant Omicron a toutefois compliqué l'obtention des autorisations, puisqu'il ne réagissait pas de la même manière que les autres variants.
On était déjà en pleine possession de nos équipements pour démarrer l'assemblage, soutien Keith Éthier. [Mais les variants précédents] pouvaient être dépistés dans les 0 à trois jours avant l'apparition des symptômes. Avec Omicron, la détection se fait dans les trois à six jours. Il y avait plusieurs questions à ce sujet-là. Les agences de santé publique ont voulu obtenir des renseignements additionnels de MedSup et des autres fabricants pour savoir comment les tests se comportent avec ce variant.
« Omicron était relativement nouveau. On fonctionnait avec des tests rapides dont les études avaient été menées avec les variants précédents. Il a fallu faire des tests additionnels pour donner des résultats additionnels sur la fiabilité des tests. »
Le ministère de la Santé et des Services sociauxMSSS nous a confirmé que ces délais n'ont pas entraîné de pertes financières, puisque le contrat avec MedSup prévoyait des clauses en cas de non livraison, afin que le gouvernement ne perde pas d’argent, le cas échéant.
Pour le député libéral Monsef Derraji, porte-parole de l'opposition en matière de Santé et de Services sociaux, le gouvernement aurait toutefois dû faire preuve de plus de prudence.