Temps de cochon pour les éleveurs
TVA Nouvelles
Ce qui se passe dans les fermes du Québec est scandaleux. Les porcs s’entassent dans les élevages, et plus de 800 000 poulets ont été euthanasiés et jetés à la poubelle ces deux dernières semaines.
J’ai enfilé mes bottes de caoutchouc, mardi dernier, pour aller constater le calvaire que vivent les éleveurs de bétail. Direction : la ferme Méloporc à Saint-Thomas de Joliette.
Je suis loin d’en être à ma première visite dans une porcherie, mais je n’ai jamais rien vu de tel. Des porcs surdimensionnés, entassés dans des enclos surpeuplés et forcés de se marcher les uns sur les autres en hurlant.
« C’est désolant, m’a confié sans détour William Lafond, propriétaire de la ferme. On a 2000 porcs en attente parce que les abattoirs ne fournissent pas à la demande. On déborde. J’ai l’équivalent de 500 000 $ en bétail qui demeure coincé dans mes bâtiments. »
Ce qui se passe chez M. Lafond reflète la tragique réalité que vivent des centaines d’éleveurs de porcs du Québec. Cette situation s’explique par le ralentissement des activités dans les abattoirs, causé par une pénurie de travailleurs qui, elle, est aggravée par la vague Omicron.
La situation est aussi critique pour les éleveurs de volailles. Depuis deux semaines, j’ai appris que le transformateur Exceldor a été forcé d’euthanasier et de jeter à la poubelle plus de 800 000 poulets.
Une des causes de ce gaspillage éhonté provient de la pénurie d’attrapeurs de poulets, qui sont, pour la plupart, des travailleurs étrangers provenant du Guatemala. Le gouvernement fédéral a tardé à octroyer des permis à ces travailleurs. Ce sont eux qui mettent les poulets dans les camions en direction des abattoirs.
La conséquence de cette situation est bien immuable : les animaux grossissent dans un environnement qui n’est pas adapté à leurs besoins. Ils deviennent souvent même trop gros pour les machines de transformation, et dès lors, invendables.
La pandémie a mis en lumière les défauts du modèle agricole québécois. Deux joueurs jouissent d’un quasi-monopole. Olymel et Exceldor se partagent l’abattage de 96 % des poulets. Dans le secteur du porc, Olymel possède 80 % des activités.