Taïwan abandonne graduellement sa politique de zéro COVID
Radio-Canada
Pendant deux ans, l’île a été perçue comme une forteresse contre la COVID, un modèle mondial de gestion de la pandémie. Mais alors que les confinements chaotiques à Shanghai et à Pékin, en Chine, attiraient l’attention, Taïwan a décidé de mettre fin peu à peu à sa propre politique stricte.
Pour la première fois de la pandémie, près de 100 000 nouveaux cas par jour étaient enregistrés en mai sur l’île de 24 millions d’habitants. Une vague prévisible qui déferle depuis le début d’avril, mais une situation acceptable pour le gouvernement résolu à abandonner les confinements et à relâcher certaines mesures de distanciation physique.
Nous luttons contre la pandémie tout en respectant la démocratie et les droits de la personne, soutient le ministre de la Santé et des Affaires sociales de Taïwan, Chen Shih-chung. La Chine a une approche relativement dure. Elle priorise davantage le contrôle de la pandémie que les droits de ses citoyens.
Jusqu’à ce printemps, Taïwan et la Chine étaient les deux derniers bastions de la politique de zéro COVID. Le professeur au Collège de santé publique de l’Université nationale de Taïwan, Chen Hsiu-Hsi, croit que l’île a pu adapter sa stratégie en apprenant des succès et des échecs des réouvertures en Europe, en Amérique et aussi ailleurs en Asie.
Nous avons modifié notre combat contre la COVID, d’une approche de pandémie à une approche d’endémie, explique-t-il. Ça permet de mieux s’accorder avec ce qui se fait dans le reste du monde. Si le gouvernement n'avait pas abandonné sa politique de zéro COVID, il n’aurait pas été possible de retourner à une vie normale.
Le professeur Chen Hsiu-Hsi croit que même la Chine a adapté sa stratégie depuis le confinement très strict de deux mois à Shanghai. La politique du zéro COVID reste en place et pourrait l’être pour encore cinq ans en Chine, selon une publication d’un officiel cette semaine. Les propos ont été brièvement mis en ligne, puis modifiés par la suite.
Ils semblent avoir constaté que les confinements ne sont plus utiles contre Omicron et sa courte période de transmission, précise-t-il.
Si Taïwan a abandonné sa politique de zéro COVID, la réouverture n’est pas complète. Les frontières demeurent fermées aux visiteurs, sauf pour les gens d’affaires et autres personnes obtenant une dérogation du Centre des maladies infectieuses de Taïwan.
Toute personne arrivant sur l’île doit se soumettre à un isolement strict de trois jours dans un hôtel de quarantaine et surveiller ensuite ses symptômes pendant quatre jours en évitant les endroits publics. Toute sortie non essentielle est déconseillée à ce moment-là.