Témoigner pour mettre fin à la violence envers les arbitres
Radio-Canada
Un arbitre de hockey dénonce la dégradation du climat dans les gradins, notamment lors des matchs. Celui qui compte plus de 20 ans d’expérience affirme avoir été victime d’une agression récemment et veut que la culture change, une bonne fois pour toutes.
Il a été témoin de nombreuses agressions verbales et physiques envers des arbitres au cours de sa carrière. Mais aujourd'hui, il choisit de dénoncer. Il confie avoir été lui-même victime récemment d'une agression de trop. C'est la 2e fois que ça m'arrive, personnellement.
S’il témoigne sous le couvert de l’anonymat, c’est qu’il est encore ébranlé par les récents événements. Il a vu l'agressivité des parents augmenter depuis le déconfinement.
Depuis le retour de la COVID, ça a été assez l'enfer, confie Mathieu (prénom fictif). La moitié des parents sont contents de nous voir, l'autre 50 pour cent venait passer leur rage. Moi, j'ai connu ça, à la fin des années 90-2000 quand j'ai commencé à être officiel. On se faisait crier après, les parents nous attendaient sur le bord de la porte. On voit moins ça, c'est très, très rare, ça arrive encore, mais c'est moins pire qu'avant. C'est une culture qui a mal évolué. On n'a pas évolué avec le temps.
Dans le cadre de ses fonctions, il est appelé à superviser des arbitres aux quatre coins de la province, en plus d’en former de nouveaux. Il souhaite que son message résonne et que des changements s'opèrent pour protéger les arbitres et dénoncer les actes disgracieux. Et il dénonce autant la violence physique que la violence verbale, à l’endroit des arbitres sur glace et hors glace, comme les marqueurs et chronométreurs. Les gens se cachent souvent derrière la baie vitrée et crient des insultes assez déplacées.
Cette dénonciation survient quelques jours à peine après le lancement d’une vaste campagne de sensibilisation à travers la province. La volonté de Hockey Québec de provoquer un changement dans la culture prend tout son sens avec ce genre de témoignage.
Je pense que c'est quand même un travail ardu à faire, mais on peut y arriver si tout le monde met un peu d'eau dans son vin, lance le coordonnateur provincial des officiels, Marc Maisonneuve, qui encourage les parents à intervenir dans les gradins auprès de ceux qui commettent des actes répréhensibles. Si tout le monde se met ensemble, j'espère qu'un jour on va arriver à diminuer ce genre de comportements là. Et les gens qui sont dans les estrades, au lieu de vivre des émotions dans les gradins, je les invite à venir essayer l'arbitrage pour savoir ce que c’est, parce que l’arbitrage, ce n’est pas un métier facile.
L'organisation encourage les arbitres victimes d’agressions à les dénoncer. Il faut donner des outils à nos officiels, comme, par exemple, si on a des agressions verbales ou physiques, et que ça dépasse trop les bornes, je pense que maintenant, il faut appeler la police et faire respecter les lois qui sont déjà prescrites au niveau de la société en général.
Malgré toute son expérience, Mathieu a hésité, mais il a finalement contacté les policiers et porté plainte, 24 heures plus tard. Je me dis que je vais le faire pour les autres et je vais pouvoir en parler ouvertement à tout le monde et dire : "je le sais quoi faire, ça m'est arrivé". Je viens de vivre une expérience déplorable, mais maintenant, je vais être outillé encore plus pour aider les autres et je veux vraiment qu'on dénonce au maximum.