Sur les bancs d’école à 62 ans pour réaliser un rêve d’enfance
Radio-Canada
Retourner sur les bancs d’école à 62 ans pour redonner au suivant : voilà le projet de retraite peu banal que s’est lancé Marie-France Morin.
Depuis octobre, l’Abitibienne est inscrite au programme de coiffure du Centre de formation professionnelle de Val-d’Or. Elle prévoit compléter cet automne cette formation de 1500 heures et réaliser ainsi un rêve qu’elle caresse depuis son enfance.
Ma mère était coiffeuse et elle ne trouvait pas que c’était un beau métier. Elle ne voulait pas ça pour moi, raconte-t-elle. Elle me disait que ça causait des tendinites, des bursites, que tu passes tes journées debout. Elle m’a découragée Pourtant, ça m’intéressait depuis que je suis toute petite. Je peignais des couettes à n'importe quoi pour m’amuser.
Je suis à la retraite depuis 55 ans mais j’ai eu plusieurs rechutes par la suite, poursuit-elle. Après ma dernière démission pour m’occuper de ma mère malade, j’aurais pu retourner comme intervenante sociale, mais ce n’était plus mon choix. Je me suis dit que c’était le temps, que je suis en santé et en forme et que j’ai le goût de le faire.
Pour Marie-France Morin, il n’était pas question de se lancer dans l’aventure de la coiffure simplement pour le plaisir, ou comme passe-temps.
Je cherchais une implication sociale, communautaire, humaine, qui relierait en quelque sorte mes deux passions: les être humains et la coiffure, explique-t-il. Je ne travaillerai jamais comme mes jeunes collègues dans des salons, ce n’est pas mon but. Au départ, mon projet était de pouvoir aider les personnes à faible revenu ou les itinérants. Mais ça évolue avec le temps. J’aimerai aussi aller dans les hôpitaux ou encore aller à domicile chez les gens à mobilité réduite. Je peux contribuer à ce que ces personnes aient une bonne estime d’elles-mêmes. Quand tu as une tête de déterré, tu ne te sens pas bien.
Pour atteindre son but, la Valdorienne n’a pas hésité à s’imposer un retour sur les bancs d’école.
Pour moi, ce retour aux études correspond à tout ce que je fais dans ma vie, lance-t-elle. Tout ce qui est fait mérite d’être bien fait, avec les bonnes techniques. Les gens malades ou en rupture sociale le méritent tout autant. De retourner à l’école n’a pas été un problème, au contraire. Je ne voudrais être nulle part ailleurs. Mes nouvelles amies ont 16, 18 ou 19 ans. C’est formidable. Je suis quelqu’un de curieux et j’aime le contact avec l’autre. Il n’y a rien eu de difficile.
Au CFP, l’arrivée de Marie-France Morin a créé une belle dynamique tant pour les enseignantes que les jeunes étudiantes.