Sting au Centre Bell : ses chansons, nos souvenirs
Radio-Canada
Montréal, 2 juin 1993. En sortant du Forum où vient de se produire Sting, je croise la collègue Marie-Christine Blais, enthousiasmée au plus haut point par ce que nous venons d’entendre.
Opinion totalement partagée, hormis une petite réserve : l’interprétation des chansons était si scrupuleusement identique aux versions studio que j’avais l’impression d’être dans mon salon plutôt qu’à un concert. Du moins, c’est le souvenir que j’en garde.
Retour en accéléré vers le présent montréalais en cette soirée du 5 mai 2022, cette fois, au Centre Bell. Plus de la moitié du concert que Sting nous proposait était farci des relectures restructurées de ses classiques parus sur le disque My Songs, en 2019, et de plus récentes compositions de l’album The Bridge, paru l’an dernier.
Objectivement, lorsque Sting est monté sur scène à 20 h 45 avec ses huit musicien(e)s et choristes, un quart d’heure après l’habituelle mise en bouche que nous sert son fils Joe Sumner depuis des années, les 10 500 personnes présentes au Centre Bell se fichaient un peu des notions de modernité musicale.
C’est souvent ce qui se produit quand un artiste s’offre un début de prestation digne d’un rappel. Les spectateurs et spectatrices avaient à peine entrevu le t-shirt orange fluo et les pantalons de cuir noir du Britannique que tout le monde a reconnu les premières mesures de Message In The Bottle qui a fait lever la foule.
Enchaînement immédiat du répertoire du groupe The Police à celui de Sting avec If You Love Somebody Set Them Free, ici, légèrement réarrangée et agrémentée de la participation de l’harmoniciste Shane Sager qui aura eu droit à la part du lion dans ce concert, rayon accompagnateurs.
Ça va tout le monde? Ça va bien?, a demandé Sting, en français, qui n’avait pas à craindre une clameur négative en poursuivant avec la toujours fabuleuse Englishman In New York, ponctuée d’une reprise... Pardon, de nombreuses reprises à la batterie lors du pont central instrumental.
La foule a repris le refrain au vol et Sting a relancé dix fois plutôt qu’une la phrase clé de ce classique : « Be yourself, no matter what they say. » Une rutilante interprétation de Every Little Thing She Does Is Magic a bouclé ces 20 premières minutes vécues à fond la caisse.
Vous vouliez des succès? Vous en avez vu. La mauvaise nouvelle : voici maintenant les nouvelles chansons, a ironisé Sting avant de prendre place sur un tabouret.