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Spotify et Amazon Music commanditaires de l’ADISQ : un choix qui soulève des questions
Radio-Canada
Pour la première fois de son histoire, l’ADISQ compte cette année deux plateformes numériques parmi les commanditaires de ses galas de novembre : Spotify et Amazon Music. Un rapprochement qui soulève des interrogations, trois ans après l’intervention de Pierre Lapointe au Gala de l’ADISQ, en 2019, pour dénoncer les maigres redevances versées aux artistes par ces géants de l’industrie.
France D’Amour n’a pas su cacher sa surprise lorsqu’elle a appris que Spotify était le nouveau commanditaire principal du Gala de l’industrie de l’ADISQ, qui se tiendra le 2 novembre. La même journée, Amazon Music viendra de son côté présenter le prix de l’album de l’année dans la catégorie rap au Premier Gala de l’ADISQ, animé par Pierre Lapointe.
Ce choix de partenaires peut en effet faire sourciller lorsqu’on prend en compte la grogne qui perdure autour du modèle de rémunération de ces plateformes. Ce n’est pas de la charité, on ne fait pas pitié, c’est juste qu’il y a une injustice, a expliqué la chanteuse, rencontrée au Gala de la Société des auteurs-compositeurs du Québec (SPACQ) le mois dernier.
Une écoute sur une plateforme rapporte à l’auteur-compositeur ou l’autrice-compositrice entre 3 et 6 cents par 1000 écoutes, un modèle financier qui n’est pas nécessairement à l’avantage des créateurs et créatrices.
Quand notre musique joue sur les plateformes numériques, c’est la moindre des choses [d’avoir une rémunération équitable], a-t-elle ajouté. En Europe, ils sont très en avance, le Canada est toujours en retard.
L’ADISQ défend sa décision en affirmant que, pour avoir des redevances à distribuer, il faut d’abord que les artistes du Québec se fassent découvrir, ce qui passe forcément par les vitrines incontournables que sont Spotify et compagnie, selon elle.
C’est certain qu’il y a un défi pour ce qui est des revenus, mais si nos musiques ne sont pas entendues, il n’y a aucun revenu qui est généré, explique Eve Paré, directrice générale de l’ADISQ. L’important, c’est de joindre le public, parce que si on ne découvre pas un artiste, on n’ira pas le voir en spectacle.
Selon elle, le fait d’avoir Amazon ou Spotify comme commanditaires n’empêche pas l’ADISQ d’avoir avec eux des désaccords sur certains sujets. On a eu au fil des ans nombre de débats avec les radios traditionnelles, et pourtant, ce sont des partenaires du gala depuis les tout débuts, illustre-t-elle à titre de comparaison.
Eve Paré rappelle aussi le rôle de l’ADISQ dans les débats entourant l’adoption du projet de loi C-11, qui vise à moderniser la Loi sur la radiodiffusion afin notamment d'y intégrer des plateformes comme YouTube et Spotify. L’association est d’ailleurs en intense période de représentation devant le Sénat à ce sujet.