Soutenir les pères en situation de séparation conjugale: une stratégie gagnante pour tous
TVA Nouvelles
Une séparation, c’est toujours une épreuve pour les deux conjoints impliqués. Mais quand on ajoute des enfants à l’équation, cette transition entraine des bouleversements majeurs, notamment dans le rôle parental. Or, les mères et les pères ne vivent pas toujours la rupture et ses suites de la même façon, ce qui fait souvent naître des besoins de soutien distincts.
Le portrait actuel de la séparation conjugale au masculin est beaucoup plus nuancé que celui qui domine dans l’imaginaire collectif. En effet, selon un récent sondage réalisé auprès de 574 pères ayant vécu une séparation conjugale au cours des dix dernières années, les séparations sont loin d’être toujours conflictuelles alors que 68 % des pères affirment que leur séparation s’est bien passée. L’image du père « de fin de semaine » apparait également dépassée, alors que 56 % des répondants au sondage ont une garde partagée et 11 %, la garde exclusive des enfants.
De plus, les priorités des pères sont claires : la préservation du lien père-enfant et la collaboration coparentale sont les points centraux de leurs préoccupations en période de séparation. Ainsi, au moment de la rupture, les inquiétudes les plus vives des pères concernaient la quantité de temps passé avec les enfants.
Alors que près de 40 % des couples ayant des enfants se sépareront un jour ou l’autre, il est primordial de mieux appuyer les pères en contexte de rupture. Heureusement, plusieurs stratégies sont possibles pour améliorer les politiques publiques et les pratiques de divers milieux en réponse aux besoins spécifiques des pères au Québec.
Par exemple, plusieurs pistes d’amélioration sont à notre portée dans le domaine juridique. En effet, toujours selon le même sondage, seulement 36 % des pères séparés estiment que le système judiciaire est bien adapté aux réalités et aux besoins des pères. Ainsi, il serait gagnant de rendre la médiation familiale plus attrayante et plus efficiente en la proposant le plus tôt possible lors de la rupture de promouvoir le droit collaboratif en matière familiale et de former les professionnels et professionnelles du droit sur les réalités paternelles.
Qui est plus, plusieurs stratégies peuvent être mises en place pour offrir un meilleur accompagnement aux pères durant cette période. Par exemple, il serait pertinent de sensibiliser les intervenants psychosociaux aux réalités paternelles et développer davantage le soutien communautaire offert aux pères en difficulté dans le cadre d’une stratégie nationale.
Enfin, il faut songer à améliorer les conditions de vie des pères plus vulnérables et à tenir compte des besoins propres aux pères issus de la diversité (immigration, diversité sexuelle et de genre et autochtone).
Alors que l’on célèbre la fête des Pères ce qui met fin à la 12e Semaine Québécoise de la Paternité, mettons en place des mesures qui permettront aux pères et aux mères en situation de séparation conjugale de vivre une transition plus harmonieuse et, surtout, à leurs enfants de pouvoir continuer à profiter de la présence bienveillante de leurs deux parents, le tout dans une perspective de coparentalité et d’égalité entre les femmes et les hommes.
Engageons-nous collectivement à mieux soutenir les pères durant cette période, parce que c’est une stratégie gagnante tant pour leur bien-être que celui des enfants, des mères que de toute la société québécoise.