Soudan : le premier ministre Hamdok de retour à son domicile
Radio-Canada
Le premier ministre soudanais Abdallah Hamdok a été ramené chez lui mardi soir et reste « sous surveillance renforcée » au lendemain d'un coup d'État mené par le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, et contesté par des manifestants qui ont de nouveau essuyé des tirs de grenades lacrymogènes.
Alors que les Soudanais, sortis en masse pour tenter de relancer une transition postdictature brutalement interrompue lundi matin, ne cessent de réclamer l'aide de la communauté internationale, le Conseil de sécurité de l'ONU a renoncé à dénoncer le putsch dans les termes les plus forts, assure un diplomate à l'AFP.
Au même moment, rappelle le bureau du premier ministre Abdallah Hamdok, tout juste revenu avec son épouse à son domicile, plusieurs ministres et dirigeants politiques sont toujours en état d'arrestation dans des endroits inconnus, alors que des témoins ont rapporté à l'AFP que les forces de sécurité tiraient des grenades lacrymogènes sur des manifestants.
Le général Burhane avait bien tenté de rassurer mardi en assurant que le chef du gouvernement – qu'il a dissous lundi – était à son propre domicile, mais face aux appels incessants venus de nombreuses capitales, il a semblé céder en soirée.
Les manifestants n'en démordent pas, ils veulent que l'ensemble des autorités civiles de transition soient réinstituées. Ils continuent donc de bloquer par milliers les principaux axes de Khartoum sous une nuée de drapeaux soudanais et aux cris de Non au pouvoir militaire!.
En face, les forces de l'ordre, selon des militants, ont arrêté plusieurs dirigeants de partis politiques, attaqué des étudiants sur le campus de l'Université de Khartoum et tiré des grenades lacrymogènes pour disperser des manifestants dans le remuant quartier de Bourri, dans l'est de la capitale.
Alors que le scénario du pire est dans tous les esprits, deux ans après la révolte contre l'autocrate Omar El-Béchir qui s'est soldée par plus de 250 morts, un usage de la force n'entraînerait pas seulement un bain de sang, prévient l'International Crisis Group, il pourrait aussi mener à un face-à-face prolongé qui fermerait la porte à la résolution de la crise.