Soins intensifs : l’inquiétude gagne les médecins de la région
Radio-Canada
Le docteur Frédéric Picotte est de nature optimiste. À chaque problème, une solution. Comme tous ses confrères, il multiplie depuis près de deux ans les heures de travail pour faire la lutte à la COVID-19. Pour une rare fois, il admet être envahi d'une inquiétude : celle que le réseau de la santé doive bientôt choisir quel patient pourra recevoir des soins qui pourraient lui sauver la vie et lequel devra s'en passer.
C'est le genre de discours qu'on a entendu en Europe lors de la première vague de la COVID-19; mais jamais ici, cette crainte n'a effleuré l'esprit de nos soignants.
C'est la première fois qu'on craint un manque de ressources aux soins intensifs. Avant, comme médecin d'urgence, si je voulais admettre un patient aux soins intensifs, j'appelais et le patient pouvait monter. Maintenant, j'appelle et j'ai besoin de l'autorisation de l'intensiviste et parfois quand les lits sont critiques, on doit passer par un comité ou un intensiviste régional pour s'assurer qu'on ait les capacités et que ce patient doive vraiment aller aux soins intensifs. On espère comme travailleur de la santé ne jamais se rendre au point où on devra choisir , explique-t-il.
En Mauricie, 68 lits étaient disponibles pour les gens souffrant d'une complication de la COVID-19. En ce moment, ils y sont 177, dont 15 aux soins intensifs, ce qui constitue la limite. La fin de semaine dernière, le CIUSSS MCQ a connu un épisode de surcapacité hospitalière avec 22 personnes aux soins intensifs.
Si on doit en arriver là, ce sera malheureux. Pour les gens qui vont avoir à vivre ça... les patients et leur famille. Et ce sera malheureux pour les soignants qui vont avoir à imposer ces choses-là. Ce sera marquant. C'est ce qu'on aimerait pouvoir éviter. Si se faire vacciner peut nous éviter ça, de grâce allez-y , renchérit le docteur Pierre Martin, qui est président de l'Association des médecins omnipraticiens de la Mauricie.
Cette troisième dose du vaccin est loin de garantir que vous n'attraperez pas le virus, mais selon les médecins, elle diminue très fortement vos risques de complications.
En ce moment, ce qu'on veut éviter, ce sont les hospitalisations qui vont empêcher quelqu’un de recevoir une chirurgie importante , ajoute le docteur Picotte.
Bien évidemment, plusieurs solutions sont possibles avant de devoir se résigner à faire un choix. Des patients pourraient être transférés dans d’autres hôpitaux si une autre région a la capacité de les accueillir.
Comme la grande majorité du personnel est occupé à vaincre la pandémie, de nombreux services sont désormais quasi inaccessibles pour la population.