Soins de santé : des MRC éloignées et moins nanties, « parents pauvres » de l’Outaouais
Radio-Canada
Les communautés de l'Outaouais les plus éloignées et les moins nanties, où l'on trouve une population plus élevée d'Autochtones, sont les plus défavorisées dans l'accès aux soins de santé et aux services sociaux publics, révèle une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
Il ne fait aucun doute que le manque, parfois criant, de ressources en santé est lié aux disparités socioéconomiques entre les différentes régions de l'Outaouais, selon l'IRIS.
En font preuve les MRCMunicipalité régionale de comté de la Vallée-de-la-Gatineau et de Pontiac – plus éloignées de Gatineau, où est concentré l'essentiel des services en santé –, qui possèdent les revenus disponibles par habitant parmi les plus faibles au Québec.
Ces MRC, où l'on retrouve les taux les plus élevés d'habitants s'identifiant comme Autochtones dans la région, font figure de parent pauvre de l’accès aux soins en Outaouais, affirme l'IRIS.
Pour moi, c’est probablement un exemple de racisme systémique en santé, observe Bertrand Schepper, qui cosigne le Portrait des inégalités d’accès aux services de santé en Outaouais. On remarque que les communautés plus éloignées où il y a un pourcentage de personnes se réclamant autochtones plus élevé semblent avoir moins accès au système de santé.
S'il y a un besoin flagrant de ressources en santé de première ligne dans toute la région de l'Outaouais, soit les soins de base en clinique et la prévention des maladies, le manque se fait d'autant plus sentir dans les MRC les moins nanties, qui ont un accès plus limité aux services de deuxième et troisième lignes en santé mentale.
La communauté anishinabée de Kitigan Zibi, dans la Vallée-de-la-Gatineau, a ses propres ressources en matière de promotion de la santé et de services sociaux. Les plus de 1600 membres qui vivent dans cette communauté ont ainsi accès à des services allant de la nutrition prénatale aux programmes de soins à domicile pour les aînés. Les soins de première ligne y sont néanmoins limités.
L'hôpital le plus près, à Maniwaki, est lui aussi limité dans son offre. Par exemple, on n'y retrouve aucun service de maternité. À 1 h 30 de route, l'Hôpital de Gatineau accueille à lui seul 96,6 % des patientes qui ont besoin de suivi en maternité.
Face au manque de ressources dans certaines régions, où il est difficile de trouver un médecin de famille ou d'obtenir une place dans une clinique sans rendez-vous, les résidents se tournent vers l'hôpital. Ça devient alors un lieu où on va d’emblée faire des suivis de rendez-vous, à la limite, fait remarquer M. Schepper.