Six auteurs de l’Est-du-Québec à lire cet été
Radio-Canada
Quoi lire cet été, pendant vos vacances, au bord de la plage ou simplement sur votre balcon par une belle journée ensoleillée? Voici quelques suggestions d'ouvrages d'auteurs d'ici qui vous feront voyager entre le Saint-Laurent et le milieu agricole, en passant par Trois-Pistoles et Londres.
Les départs raconte l’histoire de Catherine, une Anglaise qui rêve de devenir quelqu’un d'autre, en Amérique, et qui traverse seule l’Atlantique pour se rendre à New York. Son chemin s’arrêtera finalement à Montréal, où elle rompra peu à peu les liens avec son ancienne vie et avec sa mère, une militante du parti communiste fan de Rosa Luxembourg. La soif d’ailleurs mènera finalement Catherine jusqu’à Trois-Pistoles, avec ses grands espaces et ses parties de baseball, mais, toujours, elle aura envie d’autres horizons et de grands départs. À travers l’histoire de Catherine, celle de sa mère et celle de Rosa Luxembourg, l’autrice Clara Lagacé raconte le combat des femmes pour être libres et mener leur vie comme elles le souhaitent.
Le dernier recueil de Maxime Catellier met bien en évidence la langue parlée, dont on passe notre temps / à chercher le rythme / dans les rues de la ville, comme l'écrivain Jack Kerouac le faisait sur les routes américaines avec ses anges fripés. On y trouve des poèmes sur l’enfance où on ne peut jamais retourner, sur la vieillesse, et sur l’espace-temps qu’on habite entre les deux, alors que les affaires s’empilent / dans les armoires mal faites / de la vie. Mais Jean dit est surtout un hommage à Kerouac, à sa recherche de ses racines bas-laurentiennes et à sa langue parlée [qui] fait des rêves / dans la poussière /des bibliothèques.
L’essai de Julie Francoeur s’intéresse au rôle des femmes, qui sont très présentes, mais peu visibles en agriculture, la majorité de leur temps étant consacré aux tâches domestiques, à la comptabilité et aux enfants, alors que celui des hommes est passé aux champs ou dans les travaux physiques. Souvent perçues comme de simples collaboratrices de leur mari, Sortir du rang met en lumière le travail des femmes et le fait qu’au Québec, une femme sur trois travaille encore dans une entreprise familiale sans salaire ni parts sociales. L’ouvrage interroge l'écart entre ce que les femmes aiment réellement faire dans les fermes familiales, et ce que l’on attend d’elles, selon les normes sociales.
Comment survivre à la fin d’une amitié ou d’un amour qu’on aurait souhaité éternel? C’est ce sentiment d’être ghostée, ignorée par un proche que raconte Sara Dignard dans son recueil de poésie, qui met en scène une adolescente prise entre le grincement des casiers et l’angoisse blanche des gymnases. Alors que quelques mois plus tôt, cette adolescente embrassait son amie comme ça pour rien / parce que tout / parce que, il ne reste plus des miettes d’amitié, et l’impression de suivre de suivre l’autre comme un chien, dans la crainte de lui déplaire. Heureusement, le temps passe, et d’autres amis viennent pour faire jaill[ir] l’euphorie / presque comme avant.
Crever les eaux parle d’une mère qui « tâchait de vivre » quand « l’ennui était le lait / de tous les jours », d’un père qui part en « bourr[ant] sa valise / de cravates flamboyantes » et surtout d’une jeune fille qui apprend les gestes de sa mère et, peu à peu, devient une femme elle-même. Joane Morency y montre que « ce n’est pas si loin pourtant / l’avenir » et que malgré « ce grand âge à venir » qui nous guette, « nous n’avons pas fini/ de nourrir la beauté ».
Édouard Youssef a étudié en lettres à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) et a fait partie de l’équipe universitaire de canot à glace. D’origine égyptienne, il voit tout de suite une corrélation entre le Nil de son pays natal et le Saint-Laurent. Ainsi il rame, avec ses coéquipiers, jusqu’à la fin des temps, ou jusqu'à un matin de mars où l’air devient léger et permet d’ hume[r] le printemps, trouvant peu à peu ce qu’il faudrait dire et l’écrivant, pour ne pas oublier.