Shawinigan : des difficultés avec la filtration membranaire vécues ailleurs au Québec
Radio-Canada
Depuis sa mise en marche, les portes de la toute nouvelle usine de filtration de Shawinigan sont demeurées fermées au public. Impossible de constater l’étendue des dommages causés par le colmatage des membranes.
La Ville doit les remplacer à la hâte afin de redonner le plus rapidement possible de l’eau potable aux 30 000 citoyens de Shawinigan qui sont approvisionnés par la Station de traitement des eaux usées du Lac-à-la-Pêche (STELAP).
D’autres municipalités au Québec se sont dotées au fils des ans du même système de filtration membranaire fabriqué par General Electric (GE). Au moins deux d'entre elles ont connu des problèmes similaires à ceux vécus à Shawinigan. Elles sont toutefois parvenues à s’ajuster avant de devoir mettre aux poubelles leurs membranes flambant neuves.
L’eau est filtrée à travers des milliers de membranes utrafiltrantes semblables à des pailles poreuses. Comme des spaghettis, explique Pierre Bérubé, professeur au département de génie civil de l’Université de la Colombie-Britannique. Il compte 25 ans d’expérience en recherche et développement des technologies membranaires pour le traitement de l’eau et des eaux usées. Les milliers de petites membranes sont incorporées dans des modules où il y a une très haute densité de fibres creuses. L’eau est aspirée à travers leurs membranes poreuses et elle en ressort ultrafiltrée à l’extrémité. Dans le cas de la ZeeWeed 1000, les modules sont insérés comme des cassettes dans un train plongé dans un bassin.
Au moins trois modèles de la série ZeeWeed sont distribués au Québec: la 500, la 1000 et la 1500.
Shawinigan possède le modèle ZeeWeed 1000, tout comme la municipalité de Donnacona dans la MRC de Portneuf.
La technologie membranaire a été installée en 2011 à l’usine de filtration de Donnacona. Contrairement à Shawinigan, l’eau est puisée dans la rivière Jacques-Cartier et non dans un lac. Les eaux de nettoyage, neutralisées, sont rejetées dans les égouts de la ville puis elles aboutissent dans le fleuve et non dans un petit ruisseau. Aucun problème à signaler avec le ministère de l’Environnement, contrairement aux rejets à Shawinigan.
Malgré ces différences, leurs membranes s’endommagent elles aussi prématurément.
« On s’est aperçus avec le temps que la fibre se magane plus rapidement avec l’eau de surface. L’eau de surface contrairement à une eau souterraine ou d’un lac est déjà comme préfiltrée. Nous on suit toutes les températures, la crue des eaux, les pluies, les montées de la rivière, les descentes, la turbidité, la couleur et la matière organique qui augmente. On goûte à tout »