Sexe: n’invitez pas l’anxiété de performance au lit
Métro
On entend beaucoup parler d’anxiété de performance au travail ou à l’école, mais saviez-vous qu’il est possible d’y être confronté sous la couette?
D’abord, il y a le stress et nombre d’entre nous savent déjà très bien ce que c’est. Pour faire court, c’est un état qui survient quand on rencontre un obstacle, une menace, une difficulté. Cela peut être réel ou imaginé. Par exemple, on peut ressentir du stress avant un examen médical (réel), mais aussi parce qu’on prend l’avion et qu’on imagine que l’engin va inévitablement s’effondrer au sol (imaginé). Dans un cas comme dans l’autre, le corps réagit : muscles tendus, sueurs, souffle plus court, etc. Ce sont des réactions normales qui permettent de se protéger. L’anxiété de performance, c’est quand on dépasse le stress normal et qu’on entre dans l’appréhension, la peur, et ce, de façon démesurée, comme l’explique la psychologue Mélanie Thibault. Cela peut amener la personne à se sentir incompétente, à se dénigrer, à avoir peur d’agir et de s’exprimer, etc. Sans surprise, on peut voir des impacts importants sur la sexualité qui, elle, demande une certaine part de lâcher-prise. Ce qui va rarement de pair avec l’anxiété. Votre vie sexuelle peut en ressentir les effets.
Être dans l’anxiété de performance, c’est avoir peur de l’échec. On devient donc hyper critique de tout ce qu’on fait. Est-ce que mon corps est assez ceci ou trop cela? Est-ce que mon.ma partenaire aime vraiment ce que je fais? Devrais-je faire plus ceci ou plus cela? Vais-je le.la faire jouir? Et si je ne réussis pas? Bref, on perd le contact avec le corps et on est seulement dans sa tête à se demander d’où va venir l’erreur cruciale qui va nous confirmer qu’on n’est pas à la hauteur. On peut aussi parler d’autosabotage ; sans le vouloir, on fait tout pour rater sa cible, de peur… de rater sa cible.
Puisqu’on est dans sa tête à tout analyser, pas évident de s’arrêter pour discuter de ce qu’on aime ou de ce qu’on aime moins. Les relations sexuelles peuvent alors être empreintes d’inquiétude et de moments pendant lesquels on n’est pas à l’écoute, ni de soi ni de l’autre (ou des autres). Résultat? Pas assez de communication, alors chacun.e reste dans sa bulle à se demander ce que l’autre pense/veut.
Inévitablement, ça amène aussi un manque de naturel. Pas facile d’être dans la spontanéité si l’on passe son temps à douter de ses compétences en matière de sexualité. Même chose si l’on est trop dans sa tête à essayer de trouver la meilleure façon d’être un.e amant.e inoubliable. On risque fortement de passer à côté du plaisir et d’en sortir déçu.e.
Parfois, l’anxiété est tellement grande qu’on peut même en venir à se dire : «Coudonc, est-ce que c’est moi qui n’aime juste pas le sexe?» Si certaines personnes peuvent se découvrir moins « sexuelles » qu’elles ne le croyaient (ex.: une personne demisexuelle qui réalise qu’elle a besoin d’un fort lien affectif/amoureux pour vouloir de la sexualité), il demeure que le sexe n’est pas nécessairement le problème. C’est plutôt le fait de se mettre en mode « performance » qui nuit au plaisir. Avez-vous envie de vous laisser aller si vous sentez que votre sexualité se vit comme un examen scolaire? Probablement pas.