Se loger avec un problème de santé mentale: mission quasi impossible
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Les enjeux reliés au logement demeurent souvent invisibles dans l’Ouest-de-l’Île. Toutefois, sur ce territoire, deux locataires sur cinq consacrent plus de 30% de leurs revenus au logement, constate Centraide Montréal. Et, en plus, si une personne éprouve des problèmes de santé mentale, se loger devient alors une mission quasi impossible
La codirectrice de l’organisme Perspective communautaire en santé mentale (PCSM), Emmanuelle Morin est catégorique. «Les préjugés reliés à la santé mentale sont plus présents que jamais dans l’ouest de l’île de Montréal. Il est urgent d’agir. Les gens ont besoin d’avoir un toit et de se nourrir convenablement. Nous sommes maintenant obligés de relocaliser les gens ailleurs.»
Son collègue Patrick Merrigan, codirecteur de PCSM, enchérit en affirmant «qu’il est pratiquement impossible pour une personne qui reçoit un chèque de sécurité sociale de 1400 $ par mois de vivre sans avoir recours à des banques de sécurité alimentaire. Un logement de trois pièces et demie coûte 900 $ par mois dans l’Ouest-de-l’Île. Il en reste alors 500 $ pour manger, s’habiller, se déplacer et vivre. Ça n’a aucun sens.»
Les deux codirecteurs de PCSM unissent leurs voix pour affirmer que les gouvernements doivent arrêter de faire l’autruche et qu’ils doivent travailler ensemble pour financer des logements sociaux. «En payant 25% de son revenu mensuel pour un logement, le locataire paiera alors 350 $. La différence est énorme», soutient Patrick Merrigan.
En plus d’avoir de la difficulté à trouver du financement pour construire des logements sociaux, les groupes communautaires ne réussissent pas à trouver de terrains pour bâtir un immeuble d’une trentaine de logements. «Le syndrome du “pas dans ma cour” est très présent. La grande majorité des gens sympathisent avec ceux qui vivent avec des problèmes de santé mentale, mais à condition qu’ils soient loin de chez eux», regrette Patrick Merrigan.
«Il reste beaucoup d’éducation populaire à faire au niveau de l’accessibilité sociale dans l’Ouest-de-l’Île. Dans la majorité des arrondissements de Montréal, il y a une plus grande ouverture», constate Emmanuelle Morin.