
Santé mentale : refuser de l’aide pour éviter la stigmatisation
Radio-Canada
Alors que la demande d'aide en matière de santé mentale ne cesse d'augmenter au pays depuis la pandémie, certains sont loin d'être prêts à solliciter un appui dans ce domaine, même s'ils sont en difficulté.
Congolais d'origine, Jacques Lehani Kagayo a perdu un enfant quatre mois seulement après son arrivée au Canada en 2014. Malgré le choc à l'époque, lui et son épouse n’ont accepté aucun soutien en matière de santé mentale que bon nombre d'organismes de Windsor leur proposaient.
On a dit non au service parce que pour nous, ce service de santé mentale, c'est comme si l’on perdait le mental et qu'on était considéré comme des fous, explique M. Kagayo.
Aujourd'hui, il ne serait forcément pas plus à l'aise d'accepter ce type d'aide en raison du regard que sa communauté pourrait porter sur lui et sa famille.
Dans la plupart des communautés traditionnelles africaines, ceux qui font appel au service de santé mentale sont marginalisés, souligne-t-il.
« Être connu comme quelqu'un qui est passé par des services de santé mentale, ou avoir bénéficié des services des psychologues, culturellement ou mentalement sonne comme si quelqu’un a perdu des pédales ou comme si quelques boules ne tiennent plus dans son cerveau. »
Cette crainte du rejet, Philippine Ishak le constate aussi. Gestionnaire principale à 5W, un organisme de Windsor qui aide notamment les femmes immigrantes à accéder au marché du travail, elle est bien souvent témoin de situation où ses clientes hésitent à se confier sur leurs problèmes de santé mentale.
Le plus grand défi est souvent la stigmatisation que les gens associent aux maladies de santé mentale , explique-t-elle.
Il est déjà arrivé à Richard Makitu Dolomingo d'éprouver anxiété et stress intense, mais quand il a besoin d’aide, il puise dans ses propres ressources.